Les services de santé sont régulièrement débordés en Angleterre, mais la situation la plus tendue survenait plutôt en janvier ou février au plus fort de la grippe hivernale.
Depuis la pandémie, les hôpitaux sont sous tension de manière permanente. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une statistique vienne rappeler la situation de plus en plus intenable au sein du NHS.
Plus d'un an pour pouvoir être opéré
Et les carences sont visibles partout: la liste d'attente pour des soins de routine s'allonge de 100'000 personnes chaque mois et près d'un cinquième des patients doit attendre plus d'un an pour recevoir un traitement - opération de la hanche ou du genou par exemple.
Même les urgences n'arrivent plus à remplir leurs objectifs. Plus de 30% des patients attentent plus de quatre heures avant d'être pris en charge, alors que ce chiffre ne devrait pas dépasser les 5% selon les directives du gouvernement.
Prendre le taxi en cas de crise cardiaque
Encore faut-il parvenir à se rendre à l'hôpital, car les ambulances ont de plus en plus de mal à répondre aux appels dans un délai approprié. Dans le nord-est de l'Angleterre, par exemple, consigne a été donnée en début d'année de prendre un taxi pour rejoindre un établissement hospitalier en cas de crise cardiaque en raison du manque d'ambulanciers.
Financée par les impôts, la santé est gratuite pour tout le monde au Royaume-Uni. Mais depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir il y a plus d'une décennie, le système souffre d'un sous-investissement chronique avec des conséquences flagrantes.
Alors qu'un peu plus de 2 millions de personnes devaient patienter pour des soins en 2010, ce chiffre a grimpé à plus de 7 millions aujourd'hui. Et les personnes atteintes d'un cancer ne sont pas épargnées: elles doivent parfois attendre elles aussi pour un diagnostic ou une prise en charge.
Manque cruel de personnel soignant
Au manque de financements s'ajoute une pénurie sévère de personnel. Selon un rapport récent publié par la commission parlementaire sur la santé, il manquerait plus de 100'000 médecins, infirmières et infirmiers ou aides-soignants pour faire fonctionner correctement le NHS, qui emploie 1,3 million de personnes.
Le service de santé peine à recruter mais aussi à retenir ses employés, qui énumèrent les problèmes: stress, épuisement professionnel ou bas salaires. Résultat: un record de 40'000 infirmières et infirmiers ont quitté l'institution l'année dernière, principalement en raison de rémunérations trop faibles.
Ils ont voté cette semaine la première grève nationale de leur histoire (lire encadré).
Catherine Ilic/oang
Grève nationale des infirmières avant la fin de l'année
Les infirmières et infirmiers du Royaume-Uni ont voté mercredi en faveur d'une grève nationale pour réclamer des hausses de salaires.
Elle "devrait commencer avant la fin de l'année", a annoncé le syndicat Royal College of Nursing (RCN), mais pourrait se prolonger jusqu'en mai prochain. "Beaucoup des plus grands hôpitaux d'Angleterre seront touchés" par ce mouvement social, a-t-il ajouté.
La nature exacte de la grève n'a pas encore été déterminée, mais il est probable que les patients, déjà confrontés à des listes d'attente record, devront faire face à des perturbations au niveau des opérations et des rendez-vous.
La santé n'échappera pas aux coupes budgétaires
Tout juste nommé Premier ministre en Grande-Bretagne, Rishi Sunak a averti lors d'un discours à fin octobre qu'il s'attellerait en priorité à un rétablissement des finances publiques.
Il devrait effectuer des coupes dans les dépenses afin de combler un manque estimé à 40 milliards de livres (45,4 milliards de francs) dans les caisses de l'Etat.
Il va s'atteler à l'examen de toutes les dépenses, y compris dans des domaines politiquement sensibles tels que la santé, l'éducation, la défense, la protection sociale et les retraites.