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La fin du calvaire pour les migrants de l'Ocean Viking débarqués à Toulon

Le navire humanitaire Ocean Viking et ses 234 migrants a accosté dans le port de Toulon, en France
Le navire humanitaire Ocean Viking et ses 234 migrants a accosté dans le port de Toulon, en France / 12h45 / 2 min. / le 11 novembre 2022
Le navire humanitaire Ocean Viking a accosté vendredi au port militaire français de Toulon et a commencé à débarquer ses 230 migrants rescapés. Son périple a suscité de vives tensions entre la France et l'Italie et relancé les débats sur l'immigration.

"Le navire a accosté vers 08h50 et les personnes ont commencé à débarquer", a indiqué le préfet Evence Richard lors d'une conférence de presse à Toulon, dans le sud de la France. Il a souligné à cette occasion que l'accueil avait été pensé "dans un souci de dignité et d'humanité".

>> Lire : La France va accueillir le bateau humanitaire Ocean Viking "à titre exceptionnel"

Le soulagement des rescapés à leur arrivée à Toulon. [SOS Méditerranée/Reuters - Camille Martin Juan]
Le soulagement des rescapés à leur arrivée à Toulon. [SOS Méditerranée/Reuters - Camille Martin Juan]

"Il y a beaucoup d'émotion à bord, tout le monde est très, très, fatigué mais soulagé d'arriver à terre, c'est la fin d'un calvaire", a déclaré de son côté Laurence Bondard pour l'ONG SOS Méditerranée qui affrète le navire.

L'Ocean Viking a erré en mer trois semaines après avoir secouru, au large de la Libye, des adultes et 57 enfants, originaires pour certains de pays en guerre.

Un accueil "exceptionnel" décidé par Paris

L'Italie, où le nouveau gouvernement d'extrême droite a durci son discours contre les migrants, lui a refusé l'accès à ses ports, générant une crise diplomatique avec la France qui a décidé de l'accueillir "exceptionnellement".

Le secteur du camp de vacances, à Giens, a été bouclé. [AFP - Christophe Simon]
Le secteur du camp de vacances, à Giens, a été bouclé. [AFP - Christophe Simon]

Les personnes débarquées devaient être transférées dans la journée vers un centre de vacances sur la presqu'île de Giens à Hyères. Cette commune située à une vingtaine de kilomètres à l'est de Toulon, a été déclarée "zone d'attente internationale" pour une vingtaine de jours.

Les rescapés "ne pourront pas sortir du centre administratif où on va les mettre et ne seront donc pas techniquement sur le sol français", avait indiqué le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin.

D'importantes forces de l'ordre ont été déployées à proximité de ce centre, a constaté un photographe de l'AFP. Et la presse n'a pas accès au port de débarquement.

>> Les explications d'Alexandre Habay dans le 12h30 :

L'Ocean Viking dans le port militaire de Toulon, 11.11.2022. [EPA/Keystone - Guillaume HorcaJuelo]EPA/Keystone - Guillaume HorcaJuelo
La fin du calvaire pour les migrants de l'Ocean Viking débarqués à Toulon / Le 12h30 / 2 min. / le 11 novembre 2022

Contrôles sanitaires et de sécurité prévus

Au total, cette arrivée a mobilisé 600 membres des forces de l'ordre et la Croix-Rouge est chargée du dispositif humanitaire. Toutes ces personnes feront l'objet d'un suivi sanitaire, puis de contrôles de sécurité des services de renseignement, avant d'être entendues par l'Office français de protection des réfugiés (Ofpra), qui attribue le statut de réfugié. L'Ofpra pourra réaliser jusqu'à 90 entretiens par jour dès samedi.

La procédure qui sera appliquée aux quatre migrants évacués en Corse jeudi en raison de leur situation médicale n'a pas été dévoilée.

Deux-tiers des rescapés de l'Ocean Viking quitteront la France pour être relocalisés dans neuf pays, a précisé le ministère de l'Intérieur. Il s'agit de l'Allemagne (qui doit en accueillir environ 80), du Luxembourg, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Croatie, de la Lituanie, de Malte, du Portugal et de l'Irlande.

Tensions politiques dans l'Hexagone

Cet accueil intervient en pleine présentation d'un projet de loi sur l'immigration en France, qui prévoit de réformer les procédures d'asile pour parvenir à expulser davantage.

L'arrivée du navire humanitaire crispe particulièrement à l'extrême droite, qui a crié au "laxisme" par la voix de la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen. La gauche et les écologistes ont salué, de leur côté, une "décision digne des valeurs" de la France.

Tensions ravivées entre Paris et Rome

Le bras de fer autour de l'Ocean Viking a ravivé des tensions entre Rome et Paris sur l'accueil des migrants.

Dénonçant une Italie "très inhumaine", Gérald Darmanin avait annoncé jeudi la suspension "à effet immédiat" de l'accueil prévu de 3500 migrants actuellement en Italie. Il a promis de tirer aussi "les conséquences" sur les autres aspects de sa "relation bilatérale".

"La réaction de la France face à la requête d'accueillir 234 migrants, quand l'Italie en a accueilli 90'000 seulement cette année, est totalement incompréhensible", a rétorqué le ministre italien de l'Intérieur Matteo Piantedosi.

La présidente du Conseil italien, elle, a déploré vendredi la position de l'exécutif français. "J'ai été frappée par la réaction agressive du gouvernement français qui de mon point de vue est incompréhensible et injustifiée", a déclaré Giorgia Meloni lors d'une conférence de presse.

>> Lire aussi : Tension entre la France et l'Italie sur les migrants bloqués en Méditerranée

afp/oang

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Le système de relocalisation à la peine

Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu'une douzaine d'Etats membres, dont la France, accueillent de manière volontaire 8000 migrants arrivés dans des pays dits de "première ligne" comme l'Italie.

Mais seuls 117 ont été relocalisés en vertu de ce mécanisme adopté en juin, un nombre insuffisant selon l'Italie.

Depuis le début de l'année, plus de 1890 migrants ont disparu en Méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).