Modifié

Maurine Mercier: "L’Ukraine pourrait bientôt devenir un trou noir médiatique"

Maurine Mercier, correspondante de la RTS en Ukraine. [RTS]
Portrait: Maurine Mercier, correspondante en Ukraine de la RTS / Médialogues / 21 min. / le 14 novembre 2022
De passage en Suisse pour recevoir le prix Jean Dumur, Maurine Mercier, correspondante de la RTS en Ukraine, est revenue lundi dans l'émission Médialogues sur son rapport au journalisme, à l'humain, mais aussi à la guerre, qu'elle côtoie au quotidien.

Maurine Mercier aime les gens qui ont des défauts, du contraste, du grain, de la gueule. La reporter helvético-canadienne a récemment reçu deux prestigieux prix de journalisme, à savoir le Prix Bayeux des correspondants de guerre ainsi que le prix Jean Dumur pour son courage journalistique.

>> Lire à ce sujet : La journaliste de la RTS Maurine Mercier reçoit le prix Jean Dumur

L'humain avant tout

Ces récompenses suscitent un sentiment ambivalent chez la journaliste. "Je ressens à la fois du malaise mais aussi du plaisir, car cela souligne le courage des personnes qui ont témoigné dans des conditions très difficiles", assure-t-elle dans Médialogues.

Cette reconnaissance donne également de la force et de l'énergie à la journaliste dans ce travail qu'elle qualifie de "crevant".

A la question "pourquoi le journalisme de guerre?", Maurine Mercier répond, tout simplement: "Pour les gens." La rapport à l'autre et à l'information est également complètement différent, poursuit-elle. "Dans un pays en guerre, on sait qu’on peut mourir à n'importe quel moment, on dit les choses sans détour, c'est une forme de beauté."

Rapport ambivalent avec la Suisse

Maurine Mercier confie également avoir du mal à supporter le fait qu’on puisse oublier certains pays, en particulier ceux qui souffrent. "Je me rends là-bas pour comprendre." En ce qui concerne l'Ukraine, elle observe déjà une baisse du nombre de journalistes sur place. "Je ne serais pas étonnée que l’Ukraine devienne un trou noir médiatique. Et que bientôt plus personne ne s’y intéresse", relève la journaliste qui retourne dès mardi à Kherson, territoire récemment repris par les Ukrainiens.

Souvent à l'étranger, Maurine Mercier entretient un rapport ambivalent avec la Suisse, où elle a passé son enfance: "J’avoue m’être souvent ennuyée dans mon propre pays. J’arrive à voir la beauté de ce pays avec l’âge, mais il continue de m’angoisser, car je considère qu’il est une anomalie à l’échelle de monde. C’est aussi pour ça que j’ai besoin de voir le monde."

>> Le suivi de la situation en Ukraine : Volodymyr Zelensky visite la ville de Kherson reprise aux Russes

Propos recueillis par Antoine Droux

Adaptation web: Hélène Krähenbühl

Publié Modifié