Haut-Valaisan et fils d'immigrés italiens, Gianni Infantino vit depuis une année avec sa famille dans ce qui est appelé "la petite Côte d'Azur arabe". Comme le révèle la RTS lundi dans le 19h30, il louerait une maison dans l'un des quartiers résidentiels de The Pearl, une île artificielle à proximité de Doha, avec des villas cossues, une marina, des hôtels et boutiques de luxe. Une partie de ses enfants y seraient même scolarisés.
Un président de la FIFA qui déménage dans le pays organisateur de la Coupe du Monde, c'est une première dans l'histoire du football. Mais Gianni Infantino reste imperméable aux critiques qui n'ont pas manqué de fuser sur cette trop grande proximité avec un pays qui n'est ni un modèle de démocratie, ni de respect des droits humains.
Officiellement, c'est pour mieux accompagner la "meilleure Coupe du Monde de tous les temps", comme il aime à le répéter, en y mettant tout son coeur. "Nous montrerons à toute la planète que le Qatar et le monde arabe offrent au monde entier une expérience incroyable", déclare-t-il par exemple devant une foule de futurs stadiers bénévoles qataris.
Un enthousiasme contre-productif
Mais cet enthousiasme se retourne parfois contre lui et peut devenir contre-productif. Ce printemps, par exemple, il crée la polémique depuis un symposium aux Etats-Unis où il est interrogé sur le sort des travailleurs immigrés au Qatar et les morts sur les chantiers.
Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais il y a eu des changements. (…) Et n’oublions pas que le travail, c’est aussi la dignité. On ne donne pas la charité aux gens, on leur donne un travail, une opportunité. Des salaires minimaux ont été introduits.
Gianni Infantino demande de rester objectif et se contente de citer les chiffres officiels qataris – seulement 3 morts sur les chantiers des stades –, des chiffres largement contredits par plusieurs organisations internationales.
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Le président de la FIFA est même allé plus loin, en se référant à l'exemple de ses parents pour vanter la dignité offerte aux travailleurs migrants: "Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais il y a eu des changements. (…) Et n’oublions pas que le travail, c’est aussi la dignité. On ne donne pas la charité aux gens, on leur donne un travail, une opportunité. Des salaires minimaux ont été introduits. (...) Et le fait d'avoir amélioré les conditions de vie d'un million et demi de personnes nous rend fiers."
Dans une autre intervention, Gianni Infantino est allé jusqu’à parler de "progrès extraordinaires" et de "changements fondamentaux" de la part du Qatar. Et lors du congrès de la FIFA à Doha en mars dernier, il a salué le Premier ministre à coups de "my brother", mon frère.
L'appel de la Norvège
Seule Lise Klaveness, présidente de la Fédération norvégienne de football, a osé appeler à une attitude critique et bien plus intransigeante: "Il faut agir maintenant. La FIFA, nous tous, devons faire ce que nous sommes chargés de faire. Réellement introduire la transparence, tolérance 0 envers la corruption."
Il faut agir maintenant. La FIFA, nous tous, devons faire ce que nous sommes chargés de faire. Réellement introduire la transparence, tolérance 0 envers la corruption.
Mais cette voix critique reste minoritaire. Si Gianni Infantino a peut-être été élu en outsider, par surprise, en 2016, il s'est très rapidement imposé en nouveau grand maître du jeu à la FIFA. Il a été réélu par acclamation en 2019 et il est candidat sans grands concurrents connus à sa succession l'année prochaine. Il soigne son image de rénovateur, de "Monsieur Propre". Il verrouille sa communication, toutes les demandes d’interview de la RTS ont d’ailleurs été refusées.
Pourtant, dans le même temps, il reste comme celui qui a refusé de remettre en question le choix du Qatar pourtant sérieusement entaché par des indices de corruption.
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Et en Suisse, à 6000 kilomètres du Qatar, il est toujours sous enquête pénale pour ses rencontres secrètes avec l’ancien procureur général de la Confédération, Michael Lauber.
Enquête radio: Ludovic Rocchi
Sujet TV: Flore Amos
Adaptation web: Victorien Kissling