Joe Biden et Xi Jinping ont eu une discussion "sincère" sur Taïwan, l'économie et l'Ukraine
Lors de cet entretien, le président américain a averti que les Etats-Unis "continueront d'opposer une concurrence vigoureuse" à la Chine mais estimé qu'il fallait "laisser ouverts les canaux de communication", a précisé la Maison Blanche dans un communiqué à l'issue de la rencontre, qui a duré trois heures. Il a été convenu que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendrait en Chine au début 2023.
Les deux présidents se sont également mis d'accord sur leur "opposition" à tout recours à l'arme nucléaire en Ukraine, a affirmé la Maison Blanche. Pékin refuse de condamner l'invasion russe, mais se dit "profondément préoccupé par le conflit", selon les propos de Xi Jinping à Joe Biden rapportés dans le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.
"La Chine a toujours été du côté de la paix", a déclaré le dirigeant chinois. "Nous soutenons et attendons avec impatience la reprise des pourparlers" entre Kiev et Moscou.
Les actions "agressives" dénoncées
Joe Biden a par ailleurs dénoncé auprès de Xi Jinping les actions "agressives" de la Chine envers Taïwan, qui minent selon lui "la paix et la sécurité" dans la région, a indiqué la Maison Blanche.
Le chef d'Etat chinois a, de son côté, averti son homologue américain de ne pas franchir la "ligne rouge" concernant l'île autonome de Taïwan, que le gouvernement chinois revendique. Xi Jinping lui a précisé que "la résolution de la question de Taïwan est l'affaire des Chinois".
Pas d'escalade nord-coréenne?
Le président américain a également évoqué ses "préoccupations concernant l'attitude provocatrice" de la Corée du Nord, estimant que "tous les membres de la communauté internationale" devaient "encourager" Pyongyang à "agir de manière responsable".
A l'issue de la rencontre, lors d'une conférence de presse, Joe Biden s'est toutefois dit lundi "confiant" que la Chine "ne cherche pas une escalade" de la part de son alliée la Corée du Nord, dont les tirs de missiles font craindre un essai nucléaire.
Rencontre de trois heures
Les dirigeants des deux puissances rivales se sont entretenus sur l'île indonésienne de Bali, à la veille du sommet du G20 qui rassemble les plus grandes économies mondiales. C'est la première fois qu'une si longue rencontre est mise sur pied depuis que Joe Biden est président.
L'absence de Vladimir Poutine au G20, neuf mois après le lancement de la guerre en Ukraine, braque encore plus l'attention sur le président chinois, au faîte de sa puissance après avoir obtenu un troisième mandat historique. Il s'agit de son deuxième voyage à l'étranger depuis le début de la pandémie de coronavirus, après une visite en Asie centrale en septembre.
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Ces trois dernières années, la rivalité entre les deux plus grandes économies mondiales s'est intensifiée à mesure que la Chine gagnait en puissance et en assurance, remettant en question le leadership américain et la donne géopolitique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Xi Jinping a toutefois déclaré au chef d'Etat américain que le monde était suffisamment grand pour que leurs deux pays puissent coopérer et se concurrencer. Pékin ne cherche pas à défier Washington ou à "changer l'ordre international existant", appelant au contraire au respect mutuel, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.
Coopération pour le climat
Les Etats-Unis et la Chine ont également décidé de reprendre leur coopération face à la crise climatique, a informé la Maison Blanche. Celle-ci avait été interrompue l'été dernier notamment en raison de la visite en août à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi.
"Les deux dirigeants se sont accordés pour demander à des hauts responsables de maintenir la communication et d'approfondir les efforts constructifs entrepris sur ces questions et d'autres", a précisé le communiqué américain.
La coopération entre les deux plus grands émetteurs mondiaux de CO2 a été cruciale pour obtenir des avancées en près de trente ans de négociations climatiques sous l'égide de l'ONU, notamment pour aboutir à l'accord de Paris en 2015.
"Garde-fous" nécessaires
L'entretien de lundi en marge du G20 avait cependant des relents de Guerre froide. La Maison Blanche a évoqué la nécessité d'établir les "lignes rouges" des deux pays pour disposer de "garde-fous" et éviter le basculement vers un conflit, d'après un responsable de la Maison Blanche.
Les deux dirigeants se sont entretenus par téléphone ou vidéo à cinq reprises depuis que Joe Biden est entré à la Maison Blanche, mais jamais en face-à-face.
afp/asch/mera