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Le Royaume-Uni et la France signent un accord contre les traversées illégales de la Manche

Un bateau secourant des migrants dans la Manche au large de l'Angleterre. [EPA - Stuart Brock]
Le Royaume-Uni et la France signent un accord pour lutter contre les traversées illégales de la Manche / Le 12h30 / 2 min. / le 14 novembre 2022
La lutte contre l'immigration illégale fait l'objet d'un nouvel accord de coopération entre la France et le Royaume-Uni. Signé lundi, il a pour objectif d'enrayer les traversées de la Manche par des migrants, toujours plus nombreux à tenter ce dangereux périple.

L'annonce de cet accord intervient alors que la barre de 40'000 migrants ayant traversé la manche cette année a été franchie dimanche, un record, selon le gouvernement britannique.

Les deux points principaux de cet accord sont une enveloppe de 72,2 millions d'euros que devront verser les Britanniques en 2022-2023 à la France. En contrepartie, elle s'engage à augmenter de 40% ses forces de sécurité (350 policiers et gendarmes supplémentaires) sur les plages d'où partent les migrants à destination des côtes britanniques.

>> Lire à ce sujet : Plus de 40'000 migrants ont traversé la Manche en 2022, déjà un record

Nouveaux drones de surveillance

L'accord s'inscrit dans le cadre du traité "Sandhurst", signé en janvier 2018 entre les deux pays. Aucun objectif chiffré d'interceptions de bateaux, comme le souhaitait le Royaume-Uni selon la presse outre-Manche, n'apparaît dans la déclaration commune, signée à Paris par le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin et son homologue Suella Braverman.

Pour la première fois, des équipes d'observateurs seront déployées de part et d'autre de la Manche. Les Britanniques vont également financer des places dans des centres d'accueil pour migrants dans le sud de la France pour dissuader les exilés qui empruntent la Méditerranée de remonter jusqu'à Calais.

Des nouveaux drones de surveillance, des chiens de détection, un système de renseignement commun approfondi pour arrêter les passeurs - 55 filières démantelées depuis 2020 - et le travail "le plus en amont possible" avec les pays d'origine et de transit des exilés font partie de la douzaine d'actions listées dans l'accord.

Les deux gouvernements sous pression

Cet accord intervient alors que les deux gouvernements sont mis sous pression sur la question migratoire. En France, Gérald Darmanin, accusé par la droite et l'extrême droite de ne pas assez expulser les étrangers interdits de séjour sur le territoire, va présenter début 2023 un projet de loi visant à durcir les procédures d'asile.

Au Royaume-Uni, le parti conservateur au pouvoir a fait du contrôle de l'immigration une priorité depuis le Brexit, mais se heurte à la courbe exponentielle des traversées illégales. "Nous interceptons beaucoup plus qu'auparavant (plus de 30'000 migrants à ce jour en 2022 contre 22'600 en 2021)" et "nous consacrons 255 millions d'euros" à la sécurisation du littoral, argumente-t-on côté français.

Après des années de querelles, parfois virulentes, sur la question migratoire, notamment lorsque Boris Johnson et Liz Truss étaient Premiers ministres, le nouvel exécutif britannique a adopté un ton plus conciliant avec le gouvernement français, appelant à une relation plus "constructive".

>> Plus d'informations : Rishi Sunak et Emmanuel Macron veulent renforcer la coopération entre Paris et Londres

Une politique migratoire très dure de Rishi Sunak

Le Premier ministre Rishi Sunak, lui-même petit-fils d'immigrés indiens, a adopté une position très dure sur l'immigration. Il soutient le projet controversé des gouvernements conservateurs précédents d'envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda, toujours suspendu à un examen par la justice.

L'accord "ne s'attaque pas aux facteurs qui poussent les hommes, les femmes et les enfants à entreprendre des voyages dangereux pour rejoindre le Royaume-Uni et ne fera donc pas grand-chose pour mettre fin aux traversées", a regretté de son côté sur Twitter l'ONG britannique Refugee Council.

afp/hkr

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