Publié

L'UE et le Royaume-Uni adoptent de nouvelles sanctions contre l'Iran

La France et l'Union européenne prennent des sanctions contre l'Iran: interview de Clément Therme
La France et l'Union européenne prennent des sanctions contre l'Iran: interview de Clément Therme / Forum / 4 min. / le 14 novembre 2022
L'Union européenne a sanctionné lundi 29 responsables iraniens, dont le ministre de l'Intérieur, et la chaîne publique Press TV, accusée d'avoir diffusé "les aveux forcés" de détenus après la répression des manifestations dans le pays. Londres a aussi annoncé de nouvelles sanctions.

"Nous imposons aujourd'hui des sanctions supplémentaires aux responsables de la répression des manifestants iraniens", a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell après l'approbation de ces mesures par les ministres des Affaires étrangères des 27.

Le ministre iranien de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, responsable des forces iraniennes chargées de l'application de la loi (LEF), est accusé par les 27 d'avoir commis "de graves violations des droits de l'Homme" au cours de la répression des manifestations.

Membres de l'équipe qui ont arrêté Masha Amini sanctionnés

L'UE a également sanctionné les quatre membres de l'équipe qui ont arrêté Masha Amini et le chef de la cyberpolice iranienne, Vahid Mohammad Naser Majid, pour "sa responsabilité dans l'arrestation arbitraire de personnes pour avoir exprimé en ligne des critiques à l'encontre du régime iranien".

Les sanctions européennes visent en outre le général de brigade Kiyumars Heidari, commandant des Forces terrestres de l'armée iranienne, et les chefs provinciaux des Forces iraniennes chargées de l'application de la loi (LEF) et du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC).

L'UE a gelé le mois dernier les avoirs et interdit de visas les responsables de la police de la "moralité", des gardiens de la révolution et le ministre iranien des Technologies de l'information. Téhéran a annoncé une réponse "proportionnée et ferme". "Nous sommes prêts à cette éventualité, mais ce sera une erreur", a averti Josep Borrell.

>> Réécouter les précisions de La Matinale sur les sanctions prises en octobre par l'UE contre la police des moeurs iranienne :

Les manifestations se poursuivent en Iran. [Keystone/EPA - Sedat Suna]Keystone/EPA - Sedat Suna
L'UE adopte des sanctions contre la police des moeurs iranienne / La Matinale / 1 min. / le 18 octobre 2022

Livraison de drones à la Russie

Les ministres européens ont également dénoncé l'implication de l'Iran dans le conflit en Ukraine, avec la livraison à la Russie de drones kamikazes utilisés pour frapper des infrastructures énergétiques civiles en Ukraine.

Ils ont sanctionné deux entités, la Qods Aviation Industries qui produit les drones fournis à la Russie et la force aérienne des Gardiens de la Révolution, ainsi que deux responsables militaires du corps des Gardiens de la Révolution, les généraux Hossein Salami et Amir Ali Hajizadeh.

L'Union européenne avait imposé le mois dernier un gel des avoirs et une interdiction de visa au fabricant iranien de drones et à trois hauts responsables militaires pour ces livraisons. Certains Etats membres font pression pour que l'UE élargisse les mesures punitives concernant les livraisons d'armes à la Russie.

>> Lire aussi : La Suisse reprend les sanctions de l'UE contre l'Iran liées aux drones

Londres se joint aux sanctions

Le Royaume-Uni a lui aussi annoncé de nouvelles sanctions visant une vingtaine de responsables iraniens, en réponse à la répression des manifestations déclenchées dans le pays par la mort de Mahsa Amini.

"Ces sanctions visent des dirigeants au sein du régime iranien qui sont responsables de violations odieuses des droits de l'homme", a déclaré le ministre des Affaires étrangères James Cleverly, cité dans un communiqué.

Elles ont été prises de manière coordonnée avec d'autres Etats et avec l'Union européenne.

iar avec afp

Publié

Pas de preuves d'envoi de missiles à la Russie

Un haut responsable de l'UE a déclaré que l'Union examinait les informations faisant état d'une éventuelle livraison de missiles balistiques par l'Iran à la Russie et qu'elle sanctionnerait davantage Téhéran en cas d'envoi d'armes. Josep Borrell a déclaré ne disposer à ce jour d'"aucune preuve" concernant la livraison de missiles balistiques.

L'UE se livre à un exercice délicat avec Téhéran, car Josep Borrell joue un rôle de médiateur pour relancer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Les efforts pour ramener l'Iran et les Etats-Unis à bord de l'accord sont largement au point mort. "L'accord n'est pas en bonne voie, vous savez, il est dans l'impasse, mais le travail se poursuit", a déclaré le chef de la diplomatie européenne.

De rares manifestants témoignent anonymement

Deux mois après la mort de Mahsa Amini et le début des manifestations en Iran, la révolte se poursuit dans le pays. Plusieurs villes du pays continuent d'être le théâtre chaque jour de mobilisations contre le pouvoir en place, malgré une répression très violente.

Plus de 320 personnes ont été tuées et plus de 14'800 arrêtées en Iran, selon le décompte de militants des droits humains sur place.

>> Lire aussi : Au moins 326 manifestants tués en Iran depuis le début de la répression

Le régime iranien intensifie notamment sa censure des réseaux sociaux et d'internet. Les témoignages en provenance du pays sont donc rares. La Matinale a pu recueillir les témoignages de deux manifestants via une messagerie cryptée. Sara et Omid, 26 et 31 ans, ont accepté de répondre de manière anonyme.

>> Le témoignage d'Omid dans La Matinale :

Iran : révolte ou révolution? [Keystone - Sedat Suna]Keystone - Sedat Suna
Témoignage d'Omid, qui habite Téhéran, et manifeste depuis 2 mois contre le régime / La Matinale / 1 min. / le 14 novembre 2022

>> Le témoignage de Sara dans La Matinale :

Au moins 326 manifestants et manifestantes ont été tués en Iran depuis le début de la répression. [Abedin Taherkenareh - EPA]Abedin Taherkenareh - EPA
Le témoignage d'une manifestante iranienne de 26 ans / La Matinale / 1 min. / le 14 novembre 2022