En Hongrie, le recensement de la population a lieu jusqu'au 20 novembre. Dans le questionnaire à remplir, les citoyens et citoyennes ont la possibilité d'inscrire leur appartenance religieuse et confessionnelle.
L'enjeu est de taille pour les différentes Eglises du pays, car l'Etat leur alloue des ressources financières en fonction du nombre de fidèles.
Lors du dernier recensement en 2011, l'Eglise catholique, largement majoritaire en Hongrie, avait vécu une hémorragie: en dix ans, le nombre de fidèles déclarés était passé de plus de 5,5 millions de personnes à moins de 4 millions.
Les réformés avaient écopé d'un résultat similaire, avec une perte de près d'un tiers de leurs membres.
Des campagnes publicitaires
A coups de publicité sur internet ou dans la rue, les Eglises hongroises tentent ainsi d'attirer des adeptes.
L'archevêque d'Esztergom-Budapest apparaît par exemple dans une vidéo où il incite à "montrer que nous sommes tous catholiques, car beaucoup de choses en dépendent", alors que l'hashtag "Je suis catholique" fleurit sur Facebook.
L'Eglise luthérienne va elle encore plus loin: l'institution explique à ses fidèles que le recensement est un outil missionnaire et qu'il représente une occasion unique de s'adresser à l’ensemble de la population hongroise, soit près de 10 millions de personnes.
Soutien du gouvernement
De son côté, le gouvernement de Viktor Orban soutient les Eglises dans leur démarche. Certaines personnalités politiques associées à la droite nationale-conservatrice sont même engagées dans ces campagnes.
Ce recensement pourrait être l'occasion pour le chef d'Etat de renvoyer l'image de la Hongrie qu'il aime présenter au monde: un bastion de la chrétienté au sein d'un Occident décadent.
Or, selon un historien des religions interrogé dans un article de Corentin Léotard publié dans le journal La Croix, le poids donné aux institutions religieuses dans le pays serait trompeur. La part des "sans religion" illustre la perte de l'influence des Eglises dans la société hongroise. Le spécialiste estime par ailleurs que la proximité entre certaines de ces institutions et le gouvernement nuirait à la recherche de fidèles.
Laurence Villoz/iar