>> Retrouvez les derniers développements sur la question dans notre suivi de la situation en Ukraine : L'explosion en Pologne vraisemblablement due à un missile ukrainien de défense anti-aérienne
Deux Polonais tués
Un missile a frappé le village polonais de Przewodow, à environ six kilomètres de la frontière ukrainienne, mardi après-midi, tuant deux hommes. Le site d'informations Gazeta.pl indique que l'explosion s'est produite vers 15H00 GMT (16h en Suisse) dans une installation de séchage de céréales, située près d'une école. Le président polonais Andrzej Duda a affirmé qu'il s'agissait d'un incident "isolé".
Le missile est tombé alors que la Russie menait mardi des frappes massives sur les infrastructures civiles ukrainiennes, qui ont laissé des millions de foyers sans électricité. Les missiles russes ont frappé des villes dans tout le pays, dont Lviv (ouest), près de la frontière polonaise.
Qui est à l'origine du tir?
Pour Volodymyr Zelensky, l'origine du tir ne fait pas de doute. La frappe "n'est rien d'autre qu'un message de la Russie adressé au sommet du G20", a déclaré le président ukrainien
La Pologne se montre elle plus réservée. Son président Andrzej Duda estime qu'il n'y a pas encore de "preuve univoque" sur l'auteur du lancement de missile, mais a affirmé qu'il était "très probablement de fabrication russe".
Le président des Etats-Unis Joe Biden juge, lui, "improbable" que le missile ait été tiré depuis la Russie, alors que le chancelier allemand Olaf Scholz met en garde contre toute "conclusion hâtive".
La ministre belge de la Défense Ludivine Dedonder estime que le tir est "le résultat de systèmes ukrainiens de défense anti-aérienne, utilisés pour contrer des missiles russes". Une position partagée par des responsables américains, selon l'Associated press (AP).
De son côté, Moscou a dit n'avoir "rien à voir" dans l'incident, assurant mercredi que le missile avait "sans équivoque" été tiré par un système de défense S-300 des forces ukrainiennes.
Invité dans La Matinale de la RTS, l'expert en sécurité et rédacteur en chef de la Revue militaire suisse Alexandre Vautravers, estime lui que le missile est "probablement une arme russe qui s'est égarée et qui a frappé au-delà de la frontière".
Selon lui, les déclarations de Joe Biden et des autres responsables politiques servent "à créer de la confusion autour de cet incident, parce que l'Otan n'a bien sûr pas envie d'entrer en guerre en l'état actuel".
La Pologne en état d'alerte
L'armée polonaise était mercredi en état d'alerte renforcée, alors que le Conseil de la sécurité nationale polonais doit se réunir une deuxième fois mercredi à 11h00 GMT après une première réunion d'urgence mardi soir.
Le vice-ministre des Affaires étrangères, Pawel Jablonski, a déclaré que la Pologne était en sécurité grâce à son appartenance à l'Otan mais a prévenu que d'autres incidents étaient possibles.
La Pologne, qui partage une frontière avec l'Ukraine, envahie le 24 février par la Russie, est membre de l'Otan et quelque 10'000 militaires américains se trouvent dans le pays.
Articles 4 et 5 du Traité de Washington
Le président polonais Andrzej Duda a indiqué qu'il était "très probable" que l'ambassadeur de Pologne près l'Otan demande le recours à l'article 4 du Traité de Washington.
L'article 4 du traité fondateur de l'Otan prévoit des consultations entre Alliés lorsqu'un d'entre eux estime que son "intégrité territoriale" ou sa "sécurité" sont menacées.
Une véritable escale du conflit serait l'activation de l'article 5 de l'alliance atlantique. Celui-ci affirme que si un Etat membre est victime d'une attaque armée, les autres considéreront cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.
asch avec les agences
"Il faut s'attendre à d'autres incidents similaires"
Le rédacteur en chef de la Revue militaire suisse Alexandre Vautravers explique dans La Matinale qu'il "faut donc s'attendre, malheureusement, à d'autres incidents politiques et militaires similaires".
"Et ce qui peut arriver à un moment, c'est que le contexte soit davantage favorable à un engagement de l'Otan en raison par exemple d'élections en Pologne, ou d'un mouvement de mécontentement populaire. A ce moment-là, de tels incidents peuvent mettre le feu aux poudres."
L'expert en sécurité explique que la situation pourrait alors très vite escalader. "La Pologne vient de commander 800 chars de combat, des F-35, des missiles de défense aérienne Patriot, donc effectivement, nous sommes dans une poudrière et il suffirait de ne pas grand chose - en fait il suffirait d'une volonté politique - pour que cette situation aille beaucoup plus loin que dans le cas actuel."