Le prince ben Salmane a été nommé Premier ministre par décret royal fin septembre, faisant naître des spéculations selon lesquelles il cherchait à éviter des risques judiciaires découlant de plaintes déposées devant des tribunaux étrangers - et notamment une action civile lancée aux Etats-Unis par Hatice Cengiz, la fiancée turque du journaliste assassiné à Istanbul.
Cette dernière a posté en réaction une série de messages courroucés sur Twitter: "Jamal est mort une deuxième fois aujourd'hui" écrit-elle.
"Personne ne s'attendait à une telle décision. Nous pensions que peut-être la justice des #USA apporterait sa lumière. Mais encore une fois, l'argent a parlé le premier", a insisté Hatice Cengiz.
Immunité de fonction
Le meurtre il y a quatre ans de Jamal Khashoggi, un proche du pouvoir saoudien devenu critique par la suite, dans le consulat du royaume à Istanbul (Turquie), avait temporairement fait du prince - surnommé "MBS" - un paria en Occident.
Ses avocats avaient précédement argué que Mohammed ben Salmane "siège au sommet du gouvernement d'Arabie saoudite" et qu'il doit donc bénéficier de l'immunité que les tribunaux américains accordent aux chefs d'Etat et autres dirigeants étrangers de haut rang.
Le gouvernement américain avait jusqu'à jeudi pour donner son opinion sur le sujet, s'il choisissait d'en donner une. Sa recommandation n'est pas contraignante pour le tribunal.
"Les Etats-Unis informent respectueusement la cour que le défendeur Mohammed ben Salmane, Premier ministre du royaume d'Arabie saoudite, est le chef de gouvernement en exercice et, par conséquent, est immunisé contre ce procès", indique le document remis au tribunal d'instance de Columbia (sud-est des Etats-Unis) par l'administration du président Joe Biden.
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"Condamnation sans équivoque"
Le texte ajoute néanmoins que "le département d'Etat (ministère américain des Affaires étrangères) ne tire aucun avis de la présente procédure et répète sa condamnation sans équivoque du meurtre odieux de Jamal Khashoggi".
Cette recommandation a déclenché la colère parmi les partisans de l'action de Hatice Gengiz, dont des membres de Democracy for the Arab World Now (DAWN), une ONG basée aux Etats-Unis et fondée par Jamal Khashoggi.
"L'administration Biden a dépassé les bornes en recommandant l'immunité pour MBS et lui évitant de rendre des comptes", a estimé Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de DAWN. "Maintenant que Biden a déclaré qu'il avait l'immunité totale, nous pouvons nous attendre à ce que les attaques de MBS contre les gens de notre pays empirent encore".
Agnès Callamard, secrétaire générale de l'ONG Amnesty International, a qualifié la recommandation du gouvernement américain de "profonde trahison".
afp/kkub