La COP27 "n'est pas un succès" si l'on regarde les mesures concrètes, a jugé dimanche Simonetta Sommaruga sur Twitter. Les regrets helvétiques se portent notamment sur le programme de travail pour la protection du climat.
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Il était clair dès le départ que cette conférence de l'ONU sur le climat serait difficile. Le pire a toutefois pu être évité, selon la cheffe du Département fédéral de l'environnement (DETEC). L'objectif de 1,5 degré reste atteignable. Il est également positif que les Etats les plus vulnérables, qui souffrent le plus du changement climatique, reçoivent davantage d'aide.
Pour le WWF Suisse, le résultat de la conférence de l'ONU sur le climat ne constitue qu'un consensus minimal. Le fonds pour les dommages causés aux pays pauvres est une lueur d'espoir dans une conférence globalement décevante. Les actes doivent maintenant suivre. Les décisions prises lors de la conférence de Charm el-Cheikh sont bien en deçà des attentes, a-t-il indiqué dimanche dans un communiqué.
Les Verts déçus
Les Verts suisses sont déçus des résultats. La Suisse refuse toujours d'assumer ses responsabilités. La Confédération devrait, selon eux, participer chaque année à hauteur d'un milliard de francs à la protection globale du climat. Le parti écologiste déposera une intervention en ce sens à la prochaine session d'hiver des Chambres fédérales, a-t-il indiqué dimanche dans un communiqué.
La conférence de Charm el-Cheikh a montré très clairement que la politique menée par la Suisse sur les questions climatiques est totalement dépassée face aux enjeux actuels, a estimé Greenpeace à l'issue des négociations. Berne doit faire nettement mieux. “La Suisse aime se donner le beau rôle sur les questions climatiques. Elle ne s’en donne toutefois pas les moyens", a indiqué dimanche Georg Klingler, expert climat chez Greenpeace Suisse dans un communiqué.
"Faire plus"
A l'international, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a salué dimanche "les progrès" réalisés à la COP27 en Egypte. Mais il a ajouté qu'il fallait "faire plus".
"Je salue les progrès réalisés à la COP27, mais il n'y a pas de temps pour la complaisance", a-t-il écrit dans un communiqué publié sur Twitter. "Garder l'engagement des 1,5 degré est vital pour l'avenir de notre planète", a-t-il écrit, ajoutant : "Il faut faire plus".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a regretté que la COP n'ait pas réellement réussi à répondre à l'urgence climatique. "Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant - et c'est une question à laquelle cette COP n'a pas répondu". "Cette COP a fait un pas important vers la justice. Je salue la décision d'établir un fonds pour les pertes et dommages et de le rendre opérationnel dans un futur proche", a-t-il toutefois salué. "Ce ne sera clairement pas assez mais c'est un signal politique tout à fait nécessaire pour reconstruire une confiance brisée".
Pour Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, les décisions prises ne sont pas suffisantes. "Ce que nous avons là, c'est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d'efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d'émissions".
Entre espoir et frustration
Annalena Baerbock, ministre écologiste allemande des Affaires étrangères, est partagée entre espoir et frustration. "Nous avons fait une percée en matière de justice climatique - avec une large coalition d'États après des années de stagnation", mais "le monde perd un temps précieux sur la trajectoire de 1,5 degré".
De son côté, Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition énergétique, déplore qu'aucune avancée n'ait été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles. "C'est une vraie déception", mais ce sommet "répond aux attentes des pays les plus vulnérables avec une avancée forte: la création de nouveaux outils de financement pour les pertes et dommages liées aux catastrophes climatiques".
Une première étape décisive
Pour Shehbaz Sharif, Premier ministre du Pakistan frappé cet été par des inondations catastrophiques (plus de 1700 morts), l'adoption d'un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques est "une première étape décisive vers l'objectif de justice climatique". "Il appartient au comité de transition de s'appuyer sur ce développement historique".
La ministre pakistanaise du Changement climatique, Sherry Rehman, présidente en exercice du puissant groupe de négociation G77+Chine avait auparavant estimé que ce fonds "n'est pas une question de charité" mais "un acompte sur l'investissement à plus long terme dans notre avenir commun et un investissement dans la justice climatique".
Pour Laurence Tubiana, architecte de l'Accord de Paris de 2015, cette COP a occasionné de profondes frustrations mais cela n'était pas en vain. "Elle a permis une percée significative pour les pays les plus vulnérables. Le fonds pour les pertes et dommages, qui n'était qu'un rêve à la COP26 l'an dernier, est en voie pour commencer à fonctionner en 2023".
agences/kkub