Le président turc menace depuis mai de mener une nouvelle offensive sur ces territoires mais l'attentat survenu le 13 novembre à Istanbul (six morts et 81 blessés), attribué par Ankara aux combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et des YPG (Unités de protection du peuple), risque d'accélérer les opérations.
"Nous avons survolé les terroristes pendant quelques jours avec notre aviation et nos drones. Si Dieu le veut, nous allons les éliminer bientôt avec nos soldats, nos canons et nos chars", a lancé mardi le chef de l'Etat lors d'un discours dans le nord-est du pays.
Appels à la retenue
Les déclarations du président turc ont inquiété Washington et Moscou, qui ont appelé Ankara à la retenue. Les deux pays sont impliqués dans la guerre en Syrie, qui a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011.
"Nous appelons à la désescalade en Syrie pour protéger les civils et soutenir l'objectif commun de vaincre l'Etat islamique", a plaidé le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price. La Russie a espéré que la Turquie ferait preuve de "retenue" et se garderait de "tout usage excessif de la force" en Syrie.
Lundi, Berlin et Paris avaient eux aussi appelé, respectivement, la Turquie à agir de façon "proportionnée" et à "manifester davantage de retenue".
Opération "Griffe Épée"
L'aviation turque a lancé dimanche l'opération "Griffe Épée", une série de raids aériens contre 89 positions du PKK et des YPG dans le nord de l'Irak et de la Syrie, qui ont fait près d'une quarantaine de morts en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mardi, une nouvelle frappe de drone turc a visé en Syrie une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale anti-djihadiste menée par les Etats-Unis, à 25 kilomètres au nord de la ville de Hassaké, a rapporté un porte-parole kurde à l'AFP.
Cette nouvelle frappe a fait deux morts parmi les combattants kurdes, ont indiqué les forces kurdes et l'OSDH.
"Raser les terroristes"
Recep Tayyip Erdogan a expliqué que cette opération était une réaction à l'attentat du 13 novembre et qu'elle visait à "raser" les "organisations terroristes en Irak et dans le nord de la Syrie".
Le chef de l'Etat avait prévenu qu'il n'était "pas question que cette opération se limite uniquement à une opération aérienne" et avait fait état de "consultations" pour décider de "la puissance qui (devait) être engagée par nos forces terrestres".
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les YPG, ont eux affirmé mardi concentrer leurs efforts sur une "désescalade".
Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations d'envergure dans le nord de la Syrie contre les milices et organisations kurdes. Ankara répète vouloir créer une "zone de sécurité" de 30 km de large le long de sa frontière sud.
fur avec afp