Face à l'inertie dénoncée en matière de lutte contre les effets du réchauffement, les marches pour le climat ont fait place à d'autres actions plus radicales comme le blocage de routes ou des opérations coup de poing dans des musées.
L'activiste française Camille Etienne, elle, défend la cause à travers des documentaires, des conférences ou via son compte "Graine de possible" sur Instagram. Interviewée mercredi dans l'émission Tout un monde de la RTS, elle dit comprendre "totalement" l'indignation de certaines personnes face à ce type d'actions.
On ne demande pas aux gens d'être d'accord avec nos moyens d'action.
"Mais lorsqu'on dit que cela ne va pas assez vite pour les activistes, cela ne va pas assez vite pour des milliers, voire des millions de scientifiques", souligne-t-elle. "C'est un véritable consensus (…) Cela arrive plus tôt, plus vite et plus fort que ce que l'on imaginait dans les scénarios les plus hauts. Donc face à ça, qu'est-ce qu'on fait?", interroge-t-elle.
"On ne demande pas aux gens d'être d'accord avec nos moyens d'action", souligne la Française qui précise que, personnellement, elle n'a pas bloqué de routes: "J'ai d'autres moyens d'action, du lobbying ou de la désobéissance ciblée par exemple sur des banques".
Mais "il y a une forme de dernier geste, ça vient vraiment des tripes", défend Camille Etienne. "C'est parfois maladroit, c'est peut-être ridicule et risible, mais ce n'est pas de nous que vous devriez avoir peur", lance-t-elle.
La peur devrait plutôt être du côté des industries fossiles.
"En France, le gouvernement nous a traités d'écoterroristes", rappelle l'activiste. Or "la peur devrait plutôt être du côté des industries fossiles qui, sciemment, sont en train de compromettre la vie sur Terre", dit-elle. "Nous sommes du côté de la vie en tant qu'activistes. Nous nous battons pour préserver tout ce qu'on aime au plus profond de nous-mêmes. Je pense que la violence ne sera que très rarement, j'espère jamais, de notre côté."
Aller à la racine des problèmes
Camille Etienne n'écarte pas pour autant des actions radicales. "La radicalité vient du mot 'racine', c'est aller à la racine des problèmes et c'est précisément ce qu'on doit faire", explique-t-elle. "On ne va pas pouvoir se contenter de mettre des petits coups de pinceau de 'greenwashing' sur le 'business as usual'. Il faut précisément qu'on change notre manière d'être au monde, notre rapport au monde."
"Mais ça peut aussi être plus beau, c'est ce que j'essaie de faire passer comme message", poursuit la militante. "On peut vivre, et il va falloir qu'on vive, dans un monde plus juste."
Je dis simplement ce qu'il se passe, ce sont les faits qui sont terrifiants.
Le dernier rapport du GIEC montre qu'il n'y aura pas de transition écologique sans justice sociale. "C'est aussi sur ça qu'on s'appuie", note encore Camille Etienne: "comment maximiser la liberté, la paix, plus d'égalité dans cette société".
"Je dis simplement ce qui se passe", souligne-t-elle encore. "Peut-être que cela peut faire peur, mais ce sont les faits qui sont terrifiants."
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Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/oang
Les COP, des endroits "nécessaires mais non suffisants"
A propos de la COP27 qui vient de se terminer au Caire sur un bilan mitigé, Camille Etienne ne se montre qu'à moitié déçue
"Ce sont des endroits nécessaires mais non suffisants", relève-t-elle. "C'est très important que ces espaces de débats internationaux existent et que des pays du Sud, en première ligne du dérèglement climatique, et des pays du Nord, qui sont responsables historiquement des émissions, puissent se retrouver autour de la table."
Mais évidemment, poursuit l'activiste, "la déception est à la hauteur du fait qu'il n'y ait même pas, dans le texte final, le mot 'énergies fossiles'. On peut l'imputer à la présence au Caire de plus de 600 lobbyistes de l'industrie fossile. On se demande si c'est dans ces endroits que l'on peut attendre un réel salut."
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