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Investigation internationale indépendante lancée sur la répression en Iran

Répression en Iran, l'ONU ouvre une enquête internationale
Répression en Iran, l'ONU ouvre une enquête internationale / 19h30 / 2 min. / le 24 novembre 2022
La répression des manifestations en Iran fera l'objet d'une investigation internationale indépendante. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a lancé jeudi à Genève une mission d'établissement des faits pour un an.

Le vote était annoncé comme serré, mais le projet de résolution porté par l'Allemagne et l'Islande a été approuvé avec un écart confortable, accueilli par des applaudissements. Au total, 25 Etats l'ont soutenu, contre 6 oppositions et 16 abstentions.

Une investigation internationale était réclamée par les opposants iraniens et de nombreuses ONG. Dans la résolution, le Conseil "déplore" les centaines de victimes dans les manifestations depuis le décès de la jeune Mahsa Amini, qui avait été interpellée par la police pour avoir mal porté son voile.

"Violences inacceptables"

Pour la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, cette résolution "est très importante". Elle contribuera à terme à la "justice" pour le peuple iranien, a-t-elle affirmé à la presse. Auparavant devant le Conseil, elle avait estimé que les Etats devaient "représenter des millions de femmes, d'hommes et d'enfants", égrenant plusieurs droits qui, selon elle, ont été bafoués en Iran.

En deux mois, les estimations les plus basses parlent de plus de 300 tués, dont 40 enfants, mais des opposants iraniens avancent eux le nombre de plus de 600. Des violences "inacceptables", a affirmé le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk pour son premier discours devant l'instance depuis son entrée en fonctions.

Devant le Conseil, le Haut commissaire a relayé un message clair auprès de Téhéran. "Le changement en Iran est inévitable", a-t-il estimé face à une situation qu'il considère comme "intenable". Il appelle à mettre un terme au recours disproportionné à la force et à des réformes.

Un nombre "ahurissant" de personnes arrêtées

Près de 15'000 personnes ont été arrêtées pour avoir protesté depuis le décès de la jeune Mahsa Amini,. "C'est un nombre ahurissant", a lancé le Haut commissaire. Des indications laissent penser que même des enfants sont mis en cause par le régime. Plus de 20 personnes feraient face à une possible peine capitale pour avoir manifesté.

Le Haut commissaire a ciblé nommément les Gardiens de la révolution et d'autres forces de sécurité, accusés d'avoir recouru à des armes létales. Les blessés ont tellement peur d'être arrêtés qu'ils ne se rendent pas dans les hôpitaux. Les médecins ont dénoncé aussi une interférence des autorités dans les soins.

Face à cette situation, Volker Türk appelle à entendre les protestataires. "Les vieilles méthodes et la mentalité de forteresse de ceux qui ont le pouvoir ne fonctionnent plus", a-t-il encore affirmé. Au contraire, elles ne font que détériorer une situation qui peut désormais être considérée comme une "crise des droits humains". "Les femmes "doivent pouvoir se sentir libres et en sécurité" et participer comme les hommes à la société".

>> Voir le sujet du 19h30 :

La répression monte d'un cran dans l'ouest de l'Iran, avec l'envoi de renforts militaires lourdement armés
La répression monte d'un cran dans l'ouest de l'Iran, avec l'envoi de renforts militaires lourdement armés / 19h30 / 2 min. / le 24 novembre 2022

"Enorme victoire"

Pour Mitra Sohrabi, avocate et membre de l'association "Femme, vie, liberté" suisse interrogée dans l'émission Forum de la RTS, c'est une "énorme victoire", "un message d'abord symbolique pour les Iraniens et les Iraniennes (...) et puis une pression sur la République islamique qui s'intensifie de la part de la communauté internationale, ce qui est exceptionnel dans le cas de l'Iran."

L'avocate explique que le "rapport qui va en découler est quelque chose d'extrêmement précieux, à l'heure où dans l'avenir, les personnes qui ont perpétré les atrocités qu'on a vu ces dernières semaines seront jugées."

>> Voir aussi l'intervention de Mitra Sohrabi dans Forum :

Une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme suite aux révoltes en Iran: interview de Mitra Sohrabi
Une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme suite aux révoltes en Iran: interview de Mitra Sohrabi / Forum / 5 min. / le 24 novembre 2022

Manifestation des Iraniens de Suisse à Genève

Comme à plusieurs reprises depuis deux mois, les Iraniens de Suisse et de plusieurs autres pays se sont retrouvés jeudi matin sur la Place des Nations à Genève pour relayer cette demande d'investigation, une demande qui a donc porté ses fruits.

>> Lire : Nouvelles manifestations de solidarité avec l'Iran en Suisse

afp/ats/oang/furr

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La partie serrée du Conseil fédéral

Le Conseil fédéral a dénoncé à plusieurs reprises l'attitude des forces de sécurité iraniennes, condamnant notamment la répression.

Le président de la Confédération Ignazio Cassis avait rencontré il y a deux mois son homologue iranien Ebrahim Raïssi, au centre des reproches avec le guide suprême Ali Khamenei.

En Suisse, plusieurs parlementaires ont demandé au Conseil fédéral de reprendre des sanctions européennes contre le régime iranien. Mais pour Berne, la partie est serrée étant donné qu'elle représente les intérêts américains en Iran.

Jusqu'ici, le Conseil fédéral a refusé de reprendre les sanctions européennes liées aux actuelles manifestations en Iran, tout en condamnant la répression. La Suisse s'est toutefois alignée sur les mesures coercitives contre des entreprises et des membres du régime iranien en lien avec les livraisons de drones à la Russie.

>> Lire : La Suisse ne sanctionne pas l'Iran pour la répression des manifestants