Depuis des années, Viktor Orban joue au chat et à la souris avec le Parlement qui qualifie son régime "d'autocratie électorale", en menaçant ou en maniant le veto face à ses homologues dirigeants, comme sur le versement à l’Ukraine d’une grosse aide financière ou sur l’imposition d’un impôt minimum en Europe pour les multinationales.
Mais cette fois, le Premier ministre hongrois bute sur un écueil de poids, avec cette décision d’un comité dirigeant de la Commission européenne de priver la Hongrie de plus de 13 milliards d’euros de subventions, répartis en deux enveloppes. La première concerne l’argent de la cohésion, à savoir 7,5 milliards d’euros bloqués. C’est 20% des subventions que devaient toucher le pays. La deuxième contient près de 6 milliards, en provenance du grand plan de relance européen, destiné à stimuler les économies après la pandémie de Covid.
Sanctionner les carences du gouvernement
Cette décision a pour but de sanctionner les carences du gouvernement de Viktor Orban en matière d’Etat de droit et de lutte contre la corruption. La Commission avait conditionné le versement de ces 13 milliards à une série de réformes pour assainir l’usage des fonds européens, qui profitent souvent à des proches de Viktor Orban.
Il en va du bon usage de l’argent des contribuables européens et Bruxelles juge que les réformes ne sont pas au rendez-vous.
Décision en sursis
Mais l'argent n'est pas encore tout à fait perdu pour Budapest. La décision doit d'abord être endossée par l’ensemble des commissaires européens, ce qui sera fait mercredi prochain.
Elle sera ensuite envoyée au Conseil des ministres de l’UE, qui devront la soutenir. Mais il n'est pas certain à ce stade qu’une majorité d’Etats membres acceptent de frapper durement l’un des leurs. Mais on ne sait jamais, et cela pourrait bien faire jurisprudence.
Et l'Union européenne préfère toujours négocier que sanctionner. Dans le meilleur des cas, la menace qui se rapproche pourrait servir à ramener la Hongrie dans le giron des Etats respectueux des critères et des valeurs européennes.
Alain Franco/hkr/vkiss