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Manifestations contre les mesures anti-COVID chinoises dans le Xinjiang

Un incendie mortel dans le Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, a attisé la colère contre la politique «zéro Covid», accusée d’avoir ralenti les secours.
Un incendie mortel dans le Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, a attisé la colère contre la politique «zéro Covid», accusée d’avoir ralenti les secours. / 12h45 / 2 min. / le 26 novembre 2022
Des manifestations ont éclaté au Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, où, fait rare dans la région, des habitants ont exprimé leur colère contre les longs confinements imposés par les autorités face au COVID-19, à la suite d'un incendie meurtrier dans un immeuble résidentiel.

Des vidéos partagées vendredi soir sur les réseaux sociaux chinois montrent une foule scandant "Levez le confinement" tout en défilant, poings en l'air, dans une rue. Reuters a pu déterminer que les images provenaient d'Urumqi, la capitale du Xinjiang.

Sur d'autres images, on peut voir des personnes rassemblées sur une place entonner les premières paroles de l'hymne national chinois - "Debout, nous ne voulons plus être des esclaves !" - tandis que d'autres scandent qu'ils exigent la fin du confinement.

Long confinement

Les autorités chinoises imposent depuis des mois un long confinement dans cette vaste région du Xinjiang, notamment à Urumqi, où une grande partie des quatre millions d'habitants ont interdiction de sortir de chez eux depuis une centaine de jours.

Les manifestations dans la capitale régionale ont été déclenchées par un incendie qui a fait 10 morts jeudi soir dans un grand immeuble résidentiel.

Secours entravés par les mesures anti-COVID?

Alors que les autorités affirment que les occupants de l'immeuble avaient la possibilité de descendre par les escaliers, des vidéos montrant les efforts des pompiers partagées sur les réseaux sociaux chinois ont amené de nombreux utilisateurs à supposer que les habitants n'avaient pas eu le temps de fuir en raison du confinement en vigueur dans une partie du bâtiment.

Au cours d'une conférence de presse organisée à la hâte samedi matin, les responsables de la ville ont rejeté l'idée selon laquelle les mesures anti-COVID avaient entravé l'évacuation de l'immeuble et les opérations de secours. Ils ont néanmoins déclaré qu'ils allaient continuer à enquêter. L'un d'eux a jugé que les habitants auraient pu sortir plus rapidement s'ils avaient mieux compris les consignes d'évacuation.

Des protestations sporadiques et parfois violentes ont déjà eu lieu dans plusieurs villes ces derniers jours, notamment dans la plus grande usine d'iPhone du monde située à Zhengzhou, dans le centre du pays, et propriété du géant taïwanais Foxconn.

>> Voir le sujet du 12h45 à propos de l'usine d'iPhone de Zhengzhou :

Confinés depuis octobre, les employés du principal sous- traitant d’Apple en Chine se révoltent.
Confinés depuis octobre, les employés du principal sous- traitant d’Apple en Chine se révoltent. / 12h45 / 1 min. / le 25 novembre 2022

A rebours du reste du monde, le pays asiatique continue d'appliquer de strictes restrictions pour éviter toute contamination et tout décès.

"Les confinements sont plus étendus qu'ils n'ont jamais été depuis le début de la crise en 2019 (...) et des poches de contestation et d'agacement éclosent un petit peu partout, mais elles sont très rapidement contrôlées", explique Michael Peuker, correspondant de la RTS en Chine.

Les dirigeants chinois se retrouvent coincés face à un variant Omicron qu'ils ne savent plus comment gérer, comment le garder en cage, et ça les stresse beaucoup

Michael Peuker, correspondant de la RTS en Chine

"Les autorités veulent sortir du zéro Covid (...) et ne veulent pas garder cette situation qui les paralyse économiquement. Mais comment le faire sans ensuite déclencher une avalanche de morts?", s'interroge le journaliste. D'autant que le pouvoir base la légitimité de son action sur "le fait qu'il n'y aurait eu officiellement que 5200 morts environ du Covid en Chine".

Or, "à l'heure actuelle, il n'y a pas assez de vaccins, la population est mal vaccinée, surtout les plus âgés, et le système de santé reste complètement lacunaire", constate Michael Peuker.

Le gouvernement "va supporter le coût économique tant qu'il sera jugé moins important que le coût politique", car "le Parti communiste a fait de cette crise une démonstration au monde et à son peuple de sa capacité de gouvernance". Si les dirigeants ont réagi très vite dans un premier temps, ils n'ont pas réussi en 3 ans à préparer la réouverture et "se retrouvent coincés face à un variant Omicron qu'ils ne savent plus comment gérer, comment le garder en cage, et ça les stresse beaucoup", analyse le correspondant.

>> Ecouter aussi l'interview de Michael Peuker, correspondant pour la RTS, sur le mécontentement qui augmente en Chine :

Un nouveau record quotidien de cas Covid en Chine depuis six mois. [Keystone/AP Photo - Ng Han Guan]Keystone/AP Photo - Ng Han Guan
La colère monte en Chine contre les restrictions COVID / Tout un monde / 8 min. / le 25 novembre 2022

cab avec les agences

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Nombre de cas en hausse

La Chine a enregistré un nombre record de contaminations par le coronavirus responsable du COVID-19 pour une troisième journée consécutive, avec 35'183 nouveaux cas vendredi, a annoncé samedi la commission nationale de la santé.

Aucun décès n'a été signalé vendredi, ce qui maintient le bilan en Chine à 5232 morts depuis le début de la pandémie.

L'essentiel des nouvelles contaminations se produisent dans de grandes villes, en particulier à Chongqing et Canton.

A Pékin, la capitale, le nombre de nouveaux cas a bondi de 58% vendredi, à 2595, montrent des données publiées samedi par les autorités sanitaires locales.