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Visite du laboratoire français de Bure, où l'on teste le stockage des déchets les plus radioactifs

Visite dans un laboratoire où sont étudiées les conditions d'un stockage à très long terme des déchets radioactifs
Visite dans un laboratoire où sont étudiées les conditions d'un stockage à très long terme des déchets radioactifs / 19h30 / 3 min. / le 27 novembre 2022
Que faut-il faire des déchets radioactifs? A l'heure actuelle, seule la solution d'un stockage souterrain à très long terme est envisagée. Le 19h30 s'est rendu en France dans le laboratoire de Bure, dans la Meuse (nord-est), où l'on étudie les conditions d'un tel entreposage.

C'est sans doute l'un des sites les plus stratégiques du pays. A plus de 500 mètres de profondeur, un ascenseur mène là où les déchets les plus radioactifs sont entreposés. Une telle profondeur est nécessaire pour atteindre une couche d'argile qui date de 160 millions d'années, une roche qui doit servir de coffre-fort.

"C'est un prérequis pour le stockage. C'est ce qui lui permettra pour les milliers d'années futures de ne pas être affecté par les phénomènes de surface, les changements climatiques ou encore l'érosion. La minéralogie, une constitution de minéraux, est aussi favorable pour retenir les éléments radioactifs", explique Emilia Huret, cheffe du centre Meuse-Haute-Marne de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

Les déchets nucléaires enfouis sur ce site peuvent rester hautement radioactifs pendant plusieurs dizaines de milliers d'années.

83'000 m3 de déchets à entreposer

En tout, la France doit stocker 83'000 m3 de déchets longue durée, soit l'équivalent de 29 piscines olympiques. Ces déchets, qui viennent entre autres des cendres combustibles des centrales, seront placés dans des alvéoles en acier, dont le laboratoire teste la résistance.

"Ici, on mesure la température ou encore les déformations. Ce type d'alvéoles mesurera aussi l'évolution des gaz qu'elle contient", précise Emilia Huret.

Des fuites à contrôler

Si les déchets seront enveloppés dans des couches de béton ou d'acier, les scientifiques savent toutefois déjà que les protections se fissureront au fil du temps et laisseront échapper des radioéléments. L'essentiel du travail du laboratoire français est donc de simuler de telles fuites dans la roche.

"Aujourd'hui, nous savons que cette roche est capable de confiner pendant plusieurs centaines de milliers d'années les radioéléments. Par exemple, les éléments les plus radioactifs ne sortiront de la couche qu'au bout de 100'000 ans", détaille Emilia Huret.

Le plus important est que ce stockage soit connu des générations futures. Un immense travail de réflexion doit donc être fait sur la transmission de l'information pour l'avenir.

"Quelle écriture, quelle langue allons-nous utiliser pour transmettre l'information le plus longtemps possible, en sachant que l'autorité de sûreté nucléaire nous demande d'assurer une transmission de la mémoire pendant au moins 500 ans?", interroge Audrey Guillemenet, chargée de communication pour le laboratoire souterrain.

Adeline Percept/ther

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