Le faible taux de vaccination des plus âgés est l’un des arguments avancé par le gouvernement pour justifier sa politique sanitaire draconienne.
Le pouvoir chinois est en porte-à-faux. Il est sous pression de ceux qui disent leur ras-le-bol des quarantaines, des tests PCR quasi-quotidiens, des multiples contrôles. Mais avec une population âgée vulnérable insuffisamment vaccinée, selon certaines estimations, une levée soudaine de ces mesures pourrait entraîner jusqu'à 1 à 1,5 million de morts.
Actuellement, seul un peu plus de 30% des plus de 80 ans sont pleinement immunisés. Madame Wu, 70 ans, vit à Shanghai, son mari souffre d’un cancer, ils sont donc tous les deux vulnérables, mais ils refusent de se faire vacciner. Dans le 12h30 mardi, madame Wu justifie sa position: "On est tous les deux malades, alors on ne s’est pas fait vacciner. Et les autorités comprennent que notre système immunitaire est trop fragile."
La peur du vaccin
Les autorités auront fort à faire pour convaincre une population potentiellement réfractaire. Jusqu'ici, le régime de Pékin n'a jamais osé franchir le pas de rendre le vaccin obligatoire.
L'argument du prix à payer pour sortir de la crise ne convainc pas madame Wu. Elle ne s'intéresse pas de savoir quelles sont les mesures qui ont été prises dans le reste du monde: "Je me fiche de ce qui se passe dans les autres pays. (...) Notre santé est fragile. Si je rencontre quelqu’un, je porte toujours un masque, c’est devenu une habitude. On continuera simplement à faire cela."
Une tâche qui pourrait donc s’avérer compliquée pour le pouvoir. Hormis la fermeture des frontières et les mesures sanitaires draconiennes, il n’a pas préparé de plan de sortie de crise. Aujourd'hui il est dos au mur.
"Répression" des "forces hostiles"
Le principal organe de sécurité chinois a par ailleurs appelé mardi à la "répression" des "forces hostiles", après des manifestations contre les restrictions sanitaires et pour plus de libertés dans les grandes villes de Chine.
La Commission des affaires politiques et juridiques du Parti communiste au pouvoir - qui supervise les forces de l'ordre dans le pays - a estimé qu'il était "nécessaire de réprimer les activités d'infiltration et de sabotage des forces hostiles conformément à la loi", selon le compte-rendu d'une réunion, diffusé par l'agence d'Etat Chine nouvelle.
Le texte estime crucial de "réprimer résolument conformément à la loi les actions criminelles qui cherchent à briser l'ordre social, et protéger avec détermination la stabilité sociale".
Sujet radio: Michael Peuker
Sujet TV: Séverine Ambrus
Adapatation web: Miroslav Mares
Quel impact sur l'économie?
En matière de signe d'une prochaine ouverture, l'accélération de la vaccination de la population chinoise reste un signe relativement faible. En réalité, la Chine a encore besoin de temps, explique mardi dans le 12h30 François Savary, responsable des investissements chez Prime Partner: "Il ne faut pas s'attendre à une réouverture complète, pas avant le printemps de l'année prochaine."
Les marchés et les indices boursiers vont donc continuer à se montrer fébriles. Car la Chine est confrontée à un double problème, poursuit François Savary: "Elle doit gérer une sortie du Covid compliquée, mais aussi un certain nombre de failles qui peuvent déstabiliser les investisseurs. Ces manifestations sont arrivées mal à propos pour amener la confiance de ces derniers."
Ces annonces vont malgré tout permettre de relâcher la pression qui pèse sur les entreprises internationales qui continuent de travailler sur place: "plus on va avancer dans le relâchement des mesures de coercition, plus les entreprises devraient en bénéficier. Cela signifie davantage de travailleurs, de capacités à produire et d'exportations," enchaîne l'économiste.
L'activité serait dans la capacité de se redresser, mais le processus sera extrêmement graduel. Reste qu'en cas de reprise des activités, il y aura des répercussions sur le continent européen. Notamment en matière d'énergie, l'accroissement de la demande chinoise renforcerait la crise et elle serait accompagnée d'une hausse des prix.
Les restrictions chinoises compliquent le travail de nombreuses entreprises suisses
La politique zéro-Covid menée par la Chine occasionne des ruptures dans les chaînes d'approvisionnement, des retards et beaucoup d'incertitude.
Aujourd'hui, toute la stratégie de l'entreprise alémanique DrM doit être revue, car l'arrêt de la production durant les deux mois de confinement de l'un de ses sites de production en Chine complique ses livraisons. "Plusieurs clients du Sud-Est asiatique nous ont demandé si nous ne pourrions pas livrer depuis un autre pays que la Chine", explique son propriétaire, Patrick Mueller, mardi dans le 12h45.
En avril dernier, le site chinois de l'entreprise devait livrer 11 pièces à un client australien. Selon Glenn Hoehle, directeur technique du site de Shanghai, le client n'a pas fini d'attendre: "Les commandes passées avant et pendant le confinement sont toujours en attente et cette situation va durer encore jusqu'au début de l'année prochaine."
Pour ne pas perdre ses clients dans la région, la PME cherche maintenant un second site en Asie. "On regarde actuellement ce qu'on pourrait faire dans l'espace sud-asiatique, éventuellement en Thaïlande." confirme Patrick Mueller.
Cette PME, active dans la production de systèmes de filtration, cherche à se libérer de la situation en Chine, tout en restant présente dans l'Empire du Milieu. Actuellement, environ mille entreprises suisses sont actives en Chine.