Modifié

Vers un traité historique sur la pollution plastique mondiale

200 pays sont réunis en Uruguay pour tenter de rédiger un traité mondial contraignant contre la pollution plastique : interview de Joëlle Hérin
200 pays sont réunis en Uruguay pour tenter de rédiger un traité mondial contraignant contre la pollution plastique : interview de Joëlle Hérin / La Matinale / 5 min. / le 30 novembre 2022
Près de 200 pays sont réunis en Uruguay pour tenter de rédiger le premier traité mondial contraignant contre la pollution plastique. Alors que la production mondiale de plastique a doublé ces 20 dernières années pour atteindre 460 millions de tonnes par an, la situation se fait pressante.

Au moins 8,8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l'océan chaque année dans le monde, soit l'équivalent d'un camion poubelle déchargé toutes les minutes, selon le rapport d'un comité d'experts des Académies nationales des sciences, de l'ingénierie et de la médecine.

Selon les prévisions, la quantité de plastique déversée dans les océans devrait tripler d'ici 2040, alors que cette pollution affecte également la santé humaine: des microplastiques ont été trouvés dans le sang, les poumons, la rate et les tissus rénaux, et même dans les tissus foetaux.

Un des accords les plus importants

Ce traité international sur les plastiques pourrait devenir l'un des accords environnementaux les plus importants de l'histoire. Il s'agit de la première des cinq réunions du Comité intergouvernemental de négociation (CIN) programmées jusqu’en 2024. Invitée mercredi dans La Matinale, Joëlle Hérin, experte en consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse, explique que cette première session a déjà toute son importance.

"Les représentants des gouvernements et des parties prenantes vont discuter des objectifs possibles pour le traité, de l'opportunité d'obligation légale ou du champ du traité. Il est déjà prévu d'adresser l'ensemble du cycle de vie du plastique, mais la question va être de définir où il commence", explique la spécialiste. "Est-ce qu'il commence au niveau des installations pétrochimiques ou est-ce qu'il commence plus tard? Ce premier round est aussi important parce qu'il permet de cerner les positions des différentes parties."

Coalition de "haute ambition"

Une coalition coprésidée par la Norvège et le Rwanda défend un texte de "haute ambition". Selon Joëlle Hérin, cette coalition a de plus en plus d'adhérents. "Il y avait déjà la France, l'Allemagne, et maintenant c'est le bloc de l'Union européenne qui la rejoint, la Suisse aussi."

Mais, nuance-t-elle, "il y a aussi des pays qui ne se positionnent pas comme étant de 'haute ambition', notamment la Chine et les Etats-Unis, qui ont une vision différente. Les Etats-Unis veulent miser sur les efforts individuels des pays et non sur des règles universelles. C'est assez problématique, mais heureusement pour l'instant ils sont minoritaires".

Joëlle Hérin décrit finalement le contenu d'un traité qu'elle estimerait idéal. "Il doit être juridiquement contraignant, il doit porter sur l'ensemble du cycle de vie du plastique - de la production à l'élimination en passant par la consommation -  et doit prévoir trois points qui sont très importants: une limite sur la production et la consommation du plastique, favoriser les emballages réutilisables et doit prévoir une transition qui soit juste pour les communautés les plus impactées."

Karine Vasarino/asch avec ats

Publié Modifié

Même le plastique biodégradable se dégrade mal

Il ne faut en aucun cas jeter des déchets plastiques dans la nature, même ceux en plastique biodégradable. C'est la conclusion d'une étude de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), qui s'est penchée sur la capacité des microbes des sols alpins froids à dégrader le plastique .

Des matériaux biodégradables ont été enterrés pendant cinq mois à 15 degrés Celsius. Après ce laps de temps, il présentaient de petits trous et un biofilm composé de bactéries et de filaments fongiques.

"Les sacs à compost ont certes été partiellement décomposés, mais il aurait fallu beaucoup plus de temps pour qu'ils le soient complètement", explique Joël Rüthi, auteur de l'étude.