Pour sa sécurité, le visage de ce Shanghaïen, qui a manifesté le week-end dernier contre la politique zéro Covid de son pays, restera caché. "Je n'avais jamais vu de manifestation comme ça à Shanghai. C'est à cause des restrictions sanitaires et de la répression en général, on a atteint nos limites", confie-t-il mercredi dans le 19h30.
Si la manifestation reste pacifique, la police, elle, multiplie les arrestations musclées. Témoin d’une interpellation violente, ce Shanghaïen se dit choqué: "J'ai vu quelqu'un qui a juste dit 'j'ai le droit d'être ici, c'est légal'. Aussitôt, une dizaine de policiers l'ont encerclé. Ils l'ont frappé et embarqué. Personne n’a osé filmer, on avait trop peur", poursuit-il.
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"Pas de liberté d'expression"
Le manifestant voudrait protester à nouveau, mais la répression rapide et brutale l'en dissuade. Il se dit pessimiste pour la suite. "Dans notre pays, il n'y a pas de liberté d’expression. On se sent complètement impuissant".
À Shanghai, la présence policière a d'ailleurs été renforcée: dans la zone des rassemblements, de nouvelles caméras de surveillance, des patrouilles de police, des barricades et des agents à tous les croisements.
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Téléphones des usagers du métro fouillés
Le chef de la sécurité de Hong Kong a averti les personnes manifestant en solidarité avec les protestataires de Chine continentale qu'elles pourraient "contrevenir à la loi sur la sécurité nationale". Une menace de répression à peine voilée, qui promet des contrôles encore plus sévères.
Pas plus tard que mardi, dans le métro de Shanghai, des policiers ont fouillé les téléphones des usagers. Ils cherchaient des applications interdites en Chine ou des images des manifestations. A Guangzhou (sud), dans la nuit de mardi à mercredi, la police anti-émeute, en combinaison blanche, a fait face à des habitants épuisés par les confinements.
Un incendie comme élément déclencheur
C'est un incendie qui fait dix morts jeudi dernier à Urumqi, la capitale de la province du Xinjiang (nord-ouest) qui a exacerbé ces récriminations.
Les auteurs de nombreux messages circulant sur les réseaux sociaux ont affirmé que les mesures prises contre le Covid avaient aggravé ce drame, des voitures garées depuis des semaines pour cause de confinement dans l'étroite ruelle menant à l'immeuble en flammes ayant entravé l'arrivée des secours.
Propos recueillis par Antoine Morel et Lou Kisiela