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Bernard Guetta: "Il y a un désarroi des autorités" dans certains pays autocrates

L'invité de La Matinale (vidéo)  - Bernard Guetta, journaliste spécialiste de géopolitique internationale
L'invité de La Matinale (vidéo) - Bernard Guetta, journaliste spécialiste de géopolitique internationale / La Matinale / 12 min. / le 5 décembre 2022
En Iran, en Chine ou encore en Russie, les autorités sont mises à mal par des contestations qui s'intensifient et des défaites militaires. Pour le parlementaire européen Bernard Guetta, invité de La Matinale lundi, ces événements traduisent un désarroi des pouvoirs en place.

Ces derniers jours, l'Histoire s'accélère sur plusieurs continents, à l'instar du peuple iranien qui se soulève dans le sillage des femmes contestant les lois restrictives et la brutalité de la République islamique, ou des habitants des grandes villes chinoises, exaspérés par la politique "zéro Covid" de leur gouvernement, qui manifestent avec une intensité inédite.

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En Russie, si la population semble pour l'heure calme, le président Vladimir Poutine paraît affaibli dans ses ambitions, à mesure que son armée s'embourbe en Ukraine.

"A Téhéran comme à Moscou, les autorités ne parlent plus d'une seule voix. On sent qu'il y a un désarroi et un véritable chaos", analyse Bernard Guetta, parlementaire européen et journaliste spécialiste des relations internationales, lundi dans La Matinale.

Un gouvernement iranien "désarçonné"

En Iran, les manifestations sont quotidiennes depuis plus de deux mois, malgré la répression qui a déjà fait des centaines de morts. Dimanche, le procureur général de Téhéran a annoncé l'abolition de la police des moeurs, accusée d'avoir tué Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire de la République islamique qui impose aux femmes le port du voile en public.

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Son décès a déclenché une vague de contestation. Selon Bernard Guetta, les dirigeants iraniens "ne savent plus quoi faire" et sont "complètement désarçonnés" par "la permanence des manifestations et l'audace de plus en plus grande de femmes qui sortent la tête non couverte".

Le parlementaire européen estime qu'il est possible que ce pouvoir débordé s'écroule brusquement. Mais il n'exclut pas une phase de militarisation dans le pays. "On peut imaginer que l'armée du régime (les Gardiens de la révolution) prenne le relais de la théocratie. Malgré tout, il s'agirait d'une solution provisoire."

Les pouvoirs chinois et russes affaiblis

Bernard Guetta s'agace de l'idée qui voudrait que la démocratie s'affaiblisse globalement et que nous nous trouvions dans "l'ère des hommes forts". Le cas de la Chine l'illustre selon lui: "Xi Jinping est aujourd'hui considérablement affaibli politiquement. S'il n'assouplit pas les mesures de confinement, il est évident que les manifestations vont se multiplier et se durcir. Or, ces manifestations réclament déjà aujourd'hui sa démission et ne se font pas seulement sous la revendication de l'assouplissement du confinement".

Pour le spécialiste des relations internationales, il s'agit d'une situation inédite depuis l'établissement du régime. "Même lors de l'immense manifestation sur la place Tian'anmen en 1989, les manifestants soutenaient l'aile réformiste de la direction communiste et demandaient des ouvertures démocratiques, et non la démission du Parti communiste", argumente-t-il.

En Russie, le constat est similaire: l'eurodéputé estime que Vladimir Poutine est lui aussi considérablement diminué. Il souligne notamment l'influence politique "inouïe" de la milice Wagner, qui démontre un affaiblissement du pouvoir central. La régression du niveau de vie dans le pays et les défaites militaires en Ukraine peuvent également expliquer cette perte de vitesse du dirigeant, ajoute Bernard Guetta.

Propos recueillis par Benjamin Luis/iar

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