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Les femmes britanniques veulent briser le tabou de la ménopause

Au Royaume-Uni, les femmes essaient de briser un tabou: celui de la ménopause au travail
Au Royaume-Uni, les femmes essaient de briser un tabou: celui de la ménopause au travail / 19h30 / 2 min. / le 5 décembre 2022
Au Royaume-Uni, les femmes essaient de briser le tabou de la ménopause au travail. Les études montrent que près d'un quart des employées qui en souffrent envisagent de démissionner. Certaines entreprises ont mis en place des initiatives pour les soutenir.

Selon des chiffres britanniques, un million de femmes de 45 à 55 ans ont démissionné à cause de la sévérité des symptômes de la ménopause et le manque de soutien de la part des employeurs.

Le phénomène a pris une telle ampleur que le mouvement #makemenopausematter a été créé et que deux députées britanniques envisagent de déposer un texte auprès du Parlement britannique pour demander que la ménopause puisse être considérée par les entreprises comme une grossesse ou une maladie.

"Je croyais que je devenais folle"

Insomnie, problèmes d'incontinence et bouffée de chaleur, Madhu Kapoor, une fonctionnaire de 40 ans a des symptômes si sévères qu'ils l'empêchent de travailler: "Je n'arrivais plus à me concentrer lorsque les gens parlaient durant les réunions au travail. Et je ne pouvais même plus articuler une phrase. Avant, j'étais cette femme indépendante et j'avais confiance en moi. A partir de ce moment, j'ai commencé à douter de tout ce que je faisais au travail", témoigne-t-elle dans le 19h30.

Je n'arrivais plus à me concentrer lorsque les gens parlaient durant les réunions au travail. Et je ne pouvais même plus articuler une phrase

Madhu Kapoor, une femme qui a démissionné durant sa ménopause

Elle a finalement décidé de démissionner. Ce n'est que des mois plus tard, après plusieurs consultations médicales, que la Londonienne découvre que ses symptômes sont causés par la périménopause.

"Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait. Je croyais que je devenais folle et que j'étais hypocondriaque. J'étais tout le temps malade", confie-t-elle encore.

Une catastrophe pour l'économie

Pour Katherine Hallam, spécialiste de la question au sein du cabinet d'avocat international Baker McKenzie, "c'est une catastrophe pour l'économie, comme les femmes de cet âge représentent un groupe de plus en plus important de la force de travail".

Pour beaucoup de femmes, la ménopause coïncide aussi avec un moment où elles accèdent à un poste de cadre. "En tant qu'employeur, on doit tout faire pour que nos femmes les plus talentueuses puissent travailler au maximum de leurs capacités."

Du coup, elle a réussi à convaincre ses supérieurs de mettre en place un plan de soutien spécifique. Son programme: faire des consultations avec un expert, des groupes de discussion et une formation pour apprendre aux managers de l'entreprise à soutenir les employées.

"Les conseils prodigués par nos experts peuvent toucher à la santé et au bien-être. Ils peuvent recommander un nouveau régime alimentaire ou faire plus de sport. Cela peut aussi être des médicaments", estime Katherine Hallam.

Le monde de la tech essaie aussi d'aider ces femmes. "On a créé l'app Stella pour aider les femmes à faire face aux symptômes de la ménopause. Le plus important, c'est l'adaptation spécifique aux symptômes. Si c'est des problèmes d'incontinence et de sommeil, il y aura une liste de recommandations à suivre pour gérer ces problèmes", explique Andrea Berchowitz, co-fondatrice de Vira Health.

"Briser le tabou"

De plus en plus de compagnies développent de nouveaux traitements médicaux et des outils tech. Mais pour cette startup, la priorité reste de briser le tabou autour de cette étape de la vie.

"Le plus important, c'est d'avoir un espace où vous pouvez parler de vos symptômes, où votre manager parle ouvertement de la question et que vous n'ayez pas besoin de vous cacher", explique encore Andrea Berchowitz .

Ces simples conversations pourraient changer la vie de millions de femmes autour de la planète.

Sujet TV: Clément Bürge

Adaptation web: France-Anne Landry

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"On ne parle pas beaucoup de l'impact de la ménopause sur le travail en Suisse"

"On ne parle pas beaucoup de l'impact de la ménopause sur le travail en Suisse. Je salue l'effort fait en ce sens au Royaume-Uni", a déclaré dans le 19h30 la doctoresse Isabelle Streuli, responsable des consultations ménopause aux HUG.

"Il y a un tabou clair et une méconnaissance des symptômes, qui ne sont pas seulement des bouffées de chaleur mais aussi des symptômes dépressifs, d'anxiété, des troubles de l'attention ou de la fatigue", a-t-elle encore relevé.

"On pense qu'une femme sur quatre aura des symptômes sévères qui peuvent conduire à des problèmes sur le lieu de travail. J'espère que cette problématique sera davantage abordée", a conclu Isabelle Streuli.

>> Son interview complète dans le 19h30 :

Ménopause au travail: l'analyse d'Isabelle Streuli, responsable des consultations ménopause aux HUG
Ménopause au travail: l'analyse d'Isabelle Streuli, responsable des consultations ménopause aux HUG / 19h30 / 2 min. / le 5 décembre 2022