Sous prétexte de l'article 51 de la charte des Nations Unies, à savoir le droit de se défendre en luttant contre le terrorisme, la Turquie déploie ses forces militaires pour éradiquer le PKK: avions de chasse, hélicoptères de combat, drones militaires, tirs d’artilleries lourdes ou attaques terrestres.
Les analystes locaux s’accordent à dire que la Turquie a deux ambitions. Elle veut créer un cordon de sécurité le long de la frontière turque afin d'éradiquer le PKK, tout en s’installant de façon pérenne dans le nord de l’Irak en grignotant des pans du territoire irakien.
Le mois dernier, Wied Quedo, membre de la Commission Sécurité et défense au Parlement irakien, a révélé que la Turquie disposait de 130 positions militaires situées au sein des frontières du Kurdistan irakien, dont 5 bases militaires. Les troupes turques opèrent désormais jusqu'à 185 kilomètres à l’intérieur du territoire irakien, contre une centaine de kilomètres en mai dernier - très loin des 5 kilomètres autorisés par Saddam Hussein dans les années 1980.
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Impuissance des autorités irakiennes
L'Irak dénonce en vain des attaques contre sa souveraineté territoriale. En juillet dernier, des frappes aériennes imputées aux Turcs ont tué 9 civils dans un parc récréatif du Kurdistan irakien. En réponse, le gouvernement irakien a déposé une plainte contre la Turquie au Conseil de sécurité des Nations Unies, et exigé le retrait des forces armées turques. Néanmoins, ces dernières continuent de prendre du terrain.
Par ailleurs, l'Irak parait tiraillé entre deux postures. Selon un officier des services de sécurité du PKK rencontré par l'émission Tout un monde, l'Irak aiderait la Turquie à lutter contre le PKK, par peur de représailles du gouvernement d'Erdogan. En même temps, le gouvernement irakien fournirait des armes au mouvement autonomiste, afin de maintenir un équilibre entre les deux antagonistes.
Répercussions violentes sur les locaux
Le conflit entre la Turquie et le PKK cause des dégâts humanitaires, agricoles et économiques. En trente ans, 500 villages ont été vidés de leurs habitants. Les frappes turques ont fait des centaines de morts et ont détruit des espaces agricoles. En 2021, par exemple, plus de 400 hectares de terres ont été anéantis dans la seule région de Duhok.
Le passage d'un convoi de PKK peut être mortel pour les locaux. Il suffit que l'un d'eux traverse un village, comme ceux situés près de la ville d'Armadia, pour qu'il devienne la cible de frappes turques. A cause de ces dernières, les terres agricoles deviennent invendables, rendant précaire leur propriétaire.
Sujet radio: Anne-Sophie Le Mauff
Adaptation web: Raphaël Dubois