Les importations de l’Union européenne représentent 16% de la déforestation mondiale, selon le WWF. Elle sont moins élevées que les 24% de la Chine, mais plus que les 7% des Etats-Unis. Pour réduire cet impact, le Parlement et les Etats membres ont décidé d’interdire l'importation de produits cultivés sur des terres déboisées depuis décembre 2020.
La liste inclut le café, le cacao, le soja, l’huile de palme, le bois, la viande bovine, le caoutchouc. Mais aussi des produits issus de la transformation de ces matières premières, comme les meubles ou le chocolat.
Les entreprises importatrices devront prouver la traçabilité de leurs produits par l’entremise de données de géolocalisation des cultures, qui pourront être associées à des photos satellitaires.
>> A lire également : Le bond des dépenses d'importations alimentaires en 2022 inquiète l'ONU
Potentielle extension de l'accord
Le Parlement européen avait aussi réclamé d'étendre le champ du texte à d'autres écosystèmes boisés menacés, comme la savane du Cerrado en Amérique du Sud, dont provient une partie des importations européennes de soja.
L'accord trouvé entre négociateurs du Parlement et des Etats, à l'issue de longues tractations, stipule finalement que cette extension "à d'autres terres boisées" devra être évaluée au plus tard un an après l'entrée en vigueur du texte.
De même, après deux ans, la Commission est tenue d'étudier une possible extension du champ d'application à d'autres produits comme le maïs, à d'autres écosystèmes riches en stockage de carbone et en biodiversité, mais aussi au secteur financier.
>> Les précisions du 12h30:
Sujets radio: Alain Franco et Pauline Rappaz
Adaptation web: Raphaël Dubois avec afp
Quid de la Suisse?
En consultation avec les milieux concernés en Suisse, l’administration fédérale dit suivre les développements du règlement de l’UE relatifs aux chaînes d’approvisionnement "zéro-déforestation", a fait savoir le porte-parole du Département fédéral de l'économie à la RTS.
Le règlement adopté dans l’UE prévoit une période d’adaptation de 18 mois pour sa mise en œuvre par les opérateurs économiques, après l’entrée en vigueur du règlement. "Il n’y a aucune obligation contractuelle pour la Suisse de reprendre ce règlement, mais une base légale existe déjà, le cas échéant", a-t-il ajouté.
Selon Romain Deveze, expert en matières premières pour WWF Suisse, les entreprises suisses, qui réalisent une partie de leur chiffre d'affaires grâce à leurs placements de produits sur le marché européen, devront se conformer à cette nouvelle réglementation.
"Il serait bénéfique de faire évoluer la loi sur l'environnement pour intégrer de nouvelles matières premières" estime-t-il. Il espère que la Suisse ne tardera pas à prendre une décision, au risque de péjorer les ventes à l'internationale des entreprises suisses.