Cette cellule nourrie à l'idéologie des "Reichsbürger" (Citoyens du Reich, ndlr), une mouvance extrémiste qui a pris de l'ampleur avec les restrictions sanitaires, s'était construite avec une organisation quasi gouvernementale, en vue d'un coup d'Etat.
"Elle s'était dotée d'un conseil avec des personnes déjà désignées pour certains portefeuilles ministériels (...) et d'un bras militaire avec une nouvelle armée allemande", a décrit le procureur antiterroriste Peter Frank, au cours d'un point presse à Karlsruhe (ouest).
Fondé "au plus tard fin 2021", le groupuscule avait "pour objectif de venir à bout de l'ordre étatique existant en Allemagne", un projet ne pouvant être réalisé "que par l'utilisation de moyens militaires et de la violence contre les représentants de l'Etat".
Préparatifs pour entrer dans le Bundestag
Au petit matin, 25 personnes ont été arrêtées lors d'un vaste coup de filet dans tout le pays, une interpellation a eu lieu en Autriche et une autre en Italie. L'enquête vise au total 52 personnes.
La justice les soupçonne d'"avoir fait des préparatifs concrets pour pénétrer violemment dans le Bundestag allemand", la chambre des députés à Berlin, "avec un petit groupe armé", selon un communiqué du parquet. Un scénario qui rappelle l'assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump aux Etats-Unis.
Un prince et des militaires
Quelque 3000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés et plus de 130 perquisitions ont été effectuées dans ce que les médias ont décrit comme la plus importante opération policière de ce type jamais réalisée en Allemagne.
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, s'est dit "profondément inquiet" face à ce complot, estimant qu'un "nouveau niveau" avait été atteint.
Sont cités par la justice en tant que meneurs présumés : "Henri XIII P. R." et "Rüdiger v. P.". Le premier, identifié par la presse allemande comme étant le prince descendant d'une lignée de souverains de l'Etat régional de Thuringe (est), est un entrepreneur septuagénaire. Arrêté à Francfort, il possédait également un château près de Bad Lobenstein, dans le centre de l'Allemagne, qui a été perquisitionné.
Le second est, selon les médias, un ex-lieutenant colonel de la Bundeswehr, commandant d'un bataillon de parachutistes dans les années 1990 et fondateur d'un commando d'Unité des forces spéciales (KSK). D'autres militaires sont impliqués dans le complot, dont un qui a encore des fonctions, membre du KSK, a précisé un porte-parole du ministère de la Défense, Arne Collatz.
Liens avec la Russie?
Autre protagoniste, la Russe "Vitalia B.", identifiée par la presse allemande comme étant la compagne du prince, a, selon les procureurs, servi d'intermédiaire pour tenter de prendre contact avec les autorités russes en vue d'un éventuel soutien.
Le Kremlin a pour sa part fermement démenti mercredi toute "ingérence russe" dans ce dossier.
Arrestation d'une magistrate
Les autorités ont également interpellé une magistrate, ancienne députée du parti d'extrême droite AFD qui a siégé au Bundestag entre 2017 et 2021.
Sans la nommer directement, le procureur Peter Frank a dit qu'"une ancienne députée du Bundestag était pressentie pour le portefeuille de la Justice" dans le gouvernement des complotistes. Une procédure a été engagée pour la démettre de ses fonctions de juge à Berlin.
Après leur coup d'Etat, les conspirateurs avaient imaginé placer le Prince à la tête de leur exécutif.
Au moins quatre réunions ont eu lieu au cours de l'été afin d'étendre le réseau, selon le parquet, les efforts de recrutement ayant en particulier visé les policiers et les militaires. La branche militaire de la cellule criminelle était chargée d'acheter des armes et d'organiser des entraînements.
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ats/miro/ther