À travers le pays, des jeunes ont défilé et scandé des messages de protestation, parfois malgré une forte présence des forces de sécurité, selon des vidéos mises en ligne par des militants et des groupes de défense des droits humains. Par ailleurs, des magasins restaient clos pour le 3e jour de grève consécutif.
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"Tremblez, tremblez, nous sommes tous ensemble", ont ainsi clamé des étudiants à l'Université de technologie Amirkabir de Téhéran, dans une vidéo publiée par le média en ligne 1500tasvir.
Certaines organisations de jeunesse avaient appelé à transformer mercredi la Journée des étudiants, qui commémore la mort en 1953 de trois étudiants tués par les forces de sécurité du chah d'Iran, en "Journée de terreur pour l'Etat".
Soutien d'un ancien président
L'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre d'une jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée trois jours plus tôt. Elle était accusée de ne pas avoir respecté le code vestimentaire qui impose aux femmes de porter le voile en public.
Le cri de ralliement des protestataires adopté après la mort de Mahsa Amini, "Femme, vie, liberté", a été repris dans des manifestations à l'étranger, avant d'être salué mardi par un ancien président, Mohammad Khatami (1997-2005), principale figure des réformateurs.
Mohammad Khatami, 79 ans, a estimé que ce slogan était "un beau message montrant une progression vers un avenir meilleur" et jugé que "sécurité et liberté n'étaient pas contradictoires".
"Émeutes" critiquées par les autorités
Les autorités iraniennes, qui ont eu du mal à contenir les manifestations, les décrivent comme des "émeutes" fomentées de l'étranger et notamment par l'ennemi juré de l'Iran, les Etats-Unis, ainsi que leurs alliés, comme la Grande-Bretagne et Israël.
En visite sur un campus de Téhéran pour la Journée des Etudiants, le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a salué l'attitude des "étudiants perspicaces qui n'ont pas permis qu'il y ait à l'université une atmosphère d'émeute".
Il a accusé "les ennemis de chercher à rendre les universités peu sûres", appelant les étudiants à "déployer tous les efforts pour donner de l'espoir aux gens".
De son côté, BBC Persian, basée en Grande-Bretagne, a publié des images semblant montrer des étudiants protestant contre la présence du président Ebrahim Raïssi à l'Université de Téhéran, avant d'être repoussés par les forces de sécurité.
Appel à la grève et fermetures de magasins
Parallèlement au mouvement étudiant, des magasins sont restés fermés mercredi dans différentes villes, après qu'un appel à la grève a été lancé pour trois jours à partir de lundi.
L'ONG IHR, basée à Oslo, a partagé des vidéos de magasins fermés à Téhéran, Qazvin, à l'ouest de la capitale, dans la ville septentrionale de Rasht et à Divandarreh, dans la province natale d'Amini, le Kurdistan.
afp/ami
Répression mortelle
La répression du mouvement a déjà fait au moins 448 morts, selon un bilan établi le 29 novembre par l'ONG IHR.
Les autorités ont arrêté des milliers de personnes et fait état de la mort de quelque 300 personnes. Onze personnes ont aussi été condamnées à mort dans des procès liés aux manifestations.
Le régime dénoncé par la soeur du guide suprême
La soeur du guide suprême de la République islamique d'Iran a dénoncé un régime "despotique" et apporté son soutien au mouvement de contestation.
"Je m'oppose aux actions de mon frère" Ali Khamenei, écrit Badri Hosseini Khamenei dans une lettre rendue publique mercredi sur internet par son fils basé en France, Mahmoud Moradkhani.
"J'exprime ma sympathie envers les mères qui pleurent les crimes commis par le régime de la République islamique depuis l'époque (de son fondateur l'ayatollah Rouhollah) Khomeiny jusqu'à la période actuelle du califat despotique d'Ali Khamenei", poursuit Badri Hosseini Khamenei, qui se trouverait en Iran.
Pas de voile, pas d'accès bancaire, propose un député
Un député iranien, Hossein Jalali, a par ailleurs proposé de menacer les femmes qui refuseraient de porter le voile d'un blocage de leurs comptes bancaires.
Mais le gouverneur de la banque centrale, Ali Saleh-Abadi, a rejeté cette suggestion, affirmant que le réseau bancaire, "comme toujours, offrirait tous ses services à tous ses compatriotes", a rapporté l'agence de presse Mehr.