Pedro Castillo, au pouvoir depuis juillet 2021, fait l'objet de six enquêtes pour corruption présumée, dont sont également accusés sa famille et son entourage politique.
Sa destitution pour "incapacité morale", retransmise en direct à la télévision, a été approuvée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 dans l'opposition. Le débat sur cette motion, initialement prévu à 15H00 (21H00 en Suisse), a été avancé après les annonces du président Castillo.
Sa vice-présidente, élue à ses côtés en 2021 et issue du même parti d'inspiration marxiste (Peru libre), Dina Boluarte, a été investie présidente par intérim vers 20H00 GMT (21H00 en Suisse). Elle a dénoncé "un coup d'Etat" du président.
Des images diffusées par la police nationale ont montré l'arrestation de Pedro Castillo.
Gouvernement d'exception
Dans un message à la nation prononcé plus tôt dans la journée depuis le palais présidentiel et également retransmis à la télévision, Pedro Castillo avait déclaré "dissoudre temporairement le Congrès de la République et établir un gouvernement d'urgence exceptionnel", visant à "rétablir l'Etat de droit et la démocratie".
Il avait également assuré qu'il voulait "convoquer dans les plus brefs délais un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants pour rédiger une nouvelle Constitution dans un délai ne dépassant pas neuf mois".
Jusqu'à la mise en place d'un nouveau Parlement, "le gouvernement agira par décrets-lois", avait-il poursuivi, annonçant également un "couvre-feu national à partir d'aujourd'hui" entre 22h00 et 04h00.
Deux motions similaires
Pedro Castillo avait auparavant échappé à deux motions de destitution, dont la dernière en mars 2022.
A l'époque, l'opposition l'accusait d'être intervenu dans une affaire de corruption présumée opérée par son entourage et d'avoir commis une "trahison" en se déclarant ouvert à un référendum sur un débouché sur l'océan Pacifique pour la Bolivie voisine, privée d'accès à la mer. Elle lui reprochait également les crises ministérielles à répétition et la formation de quatre gouvernements en huit mois, fait inédit au Pérou.
Il s'agissait alors de la sixième motion de destitution du Parlement péruvien pour "incapacité morale" contre un président en exercice depuis 2017, après Pedro Pablo Kuczynski (droite) en 2018 et Martin Vizcarra (centre) en 2020.
agences/ther