Le procès-fleuve de la débâcle Wirecard, fleuron de l'économie numérique allemande, a démarré dans une salle sécurisée au sein de la prison de Stadelheim à Munich. Il se poursuivra au moins jusqu'en 2024.
Prestataire de paiement en ligne, la start-up au développement fulgurant jouait dans la cour des grands. Elle était cotée en bourse au DAX allemand, comme Volkswagen et Siemens. Mais Wirecard s'est effondrée en juin 2020 avec des révélations sur la falsification des bilans. Sa direction avait dissimulé un trou de presque 2 milliards d'euros, montant censé exister grâce aux activités de ses filiales en Asie.
Trois managers dans le box des accusés
Aujourd'hui, son ex-PDG Markus Braun se retrouve dans le box avec deux autres managers. Tous trois sont poursuivis, entre autres, pour escroquerie en bande organisée, manipulation de marché, fraude comptable et abus de confiance particulièrement grave.
L'Autrichien de 53 ans est en détention provisoire depuis le début de l'enquête. Il nie tout délit et se considère plutôt comme victime de la fraude, mais ne s'est jamais exprimé en détail sur les faits. Vêtu d'un blazer et d'un col roulé, il a commencé jeudi matin à répondre aux questions des juges sur son identité.
La disparition mystérieuse du numéro 2
Mais la figure centrale de cette affaire s'est volatilisée, et avec elle le scandale tombe dans le roman d'espionnage. Numéro 2 de Wirecard, Jan Marsalek était justement le responsable des activités en Asie. Il est monté dans un jet privé en juin 2020 en direction de Minsk, capitale de la Biélorussie. Et depuis, l'homme aux huit passeports, recherché par Interpol, demeure introuvable. Il pourrait résider actuellement en Russie, sous une fausse identité.
L'enquête a montré qu'il entretenait des relations avec certains services secrets, russes notamment. Il aurait fait travailler un espion pour obtenir des informations sur des personnalités du monde politique et économique.
Il a eu aussi des contacts avec le groupe paramilitaire russe Wagner. Et il évitait soigneusement de mettre les pieds aux Etats-Unis, selon sa secrétaire personnelle qui a dit n'avoir jamais rien su de sa vie privée.
oang avec Blandine Milcent et afp