"Il est difficile d'imaginer qu'un pays comme la Chine puisse tenir en sacrifiant l’économie"

La stratégie zéro-Covid a pesé sur l'économie chinoise, dont le taux de croissance ne s'élève qu'à 3%, alors que le gouvernement visait les 5% et plus. Les échanges commerciaux viennent aussi de subir leur plus grosse baisse depuis le début de la pandémie.

Alors que les manifestations contre la politique sanitaires ont éclaté, plusieurs économiste chinois, dont un ancien conseiller de la banque centrale et un professeur de l'Université de Pékin, ont rédigé une lettre ouverte au gouvernement. "Ils lui ont demandé d'arrêter de pénaliser l'économie avec cette politique", explique Mary-Françoise Renard vendredi dans Tout un monde.

La professeure et chercheuse en économie explique que l'économie chinoise, notamment l'économie intérieure, a été particulièrement touchée par les restrictions sanitaires mises en place depuis le début de la crise.

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Une raison double

Selon Mary-Françoise Renard, la Chine n'était finalement pas prête à sacrifier son économie. "D’abord, il est difficile d'imaginer qu’un grand pays comme la Chine puisse tenir longtemps en sacrifiant l’économie. D’autre part, si la Chine ne soutient pas son économie, elle s’affaiblit vis-à-vis des Etats-Unis."

Face à la politique de repli que pratique les Etats-Unis, la Chine devrait éviter de s'affaisser économiquement, selon la professeure. "Il serait compliqué pour la Chine de s'affaiblir dans un contexte où elle cherche à se faire des alliés et à incarner une alternative aux Etats-Unis."

En arrêtant sa stratégie zéro-Covid, la Chine veut assurer sa propre stabilité économique, tout en gardant sa stratégie internationale d'alliance économique avec d'autres pays, comme l'Arabie saoudite, où s'est rendu Xi Jinping ce mercredi pour signer un accord avec le prince saoudien.

>> Voir l'émission Alter Eco qui parle de cette rencontre entre Xi Jinping et le Prince saoudien :

Système de santé sur le fil

"La dernière semaine de novembre, le nombre de contaminations journalières au Covid à Pékin a été multiplié par deux. Cela pose un énorme problème pour le service de santé chinois, car il n’est pas prêt à faire face à une multiplication des cas graves", explique Mary-Françoise Renard.

Selon elle, même si les cas graves ne sont actuellement pas nombreux dans les hôpitaux, cela pourrait devenir le cas. "Moins il y a de mesures de protection, plus le virus se développera." La professeure estime que la stratégie zéro-Covid, bien qu'elle ait eu des impacts économiques, a permis d'éviter une forte mortalité.

Finalement, le système de santé chinois semble être sur le fil et on redoute une hausse de la mortalité, précise Mary-Françoise Renard. "Cette hausse aura évidemment un coût humain, mais elle impactera également l’économie."

Sujet radio: Eric Guevara-Frey

Adaptation web: Raphaël Dubois