Cela fait maintenant un mois et demi qu’Elon Musk a racheté Twitter. Et pour l’heure, l’histoire commence mal: les contenus les plus nauséabonds explosent sur le réseau social.
En apparence pourtant, tout va bien. C’est en tout cas ce qu’essaie de faire croire Elon Musk, à coups de tweets. Pour lui, Twitter n’a jamais été aussi intéressant. Le milliardaire a récemment lâché le chiffre de 90 milliards de tweets vus chaque jour.
Bond de 60% des contenus antisémites
Twitter est en ébullition, mais souvent le pire prend le dessus. Ces dernières semaines, des associations ont analysé tout ce qui s'y dit. Et leur constat est effrayant. Des experts ont remarqué que le nombre de messages antisémites a bondi de 60%. Les contenus homophobes ont augmenté dans les mêmes proportions, et même le nombre de comptes liés au groupe Etat islamique est en hausse.
La haine s’étend un peu partout, et ce n’est peut-être que le début. Il y a quelques jours, Elon Musk a réactivé 12'000 comptes précédemment bannis. Parmi ces comptes graciés, figurent celui de Donald Trump, bien sûr, mais aussi ceux de néonazis et d’antisémites notoires.
>> Lire : Elon Musk rétablit le compte Twitter de Donald Trump, suspendu depuis janvier 2021
La guerre à la pédopornographie en berne
Il y a aussi des problèmes dans la lutte contre les contenus pédopornographiques. Il ne reste qu’un employé de Twitter modérant ces messages pour la région Asie Pacifique. Tous les autres ont été licenciés.
On pourrait croire que ce type de contenu est ultra rare, mais c’est faux. Entre juillet et décembre 2021, le réseau social avait suspendu plus de 500'000 comptes en lien avec la pédopornographie. A l’époque, ces contenus avaient déjà augmenté d’un tiers. Des algorithmes parviennent parfois à détecter ces messages mais souvent, c’est un humain qui doit intervenir. Les logiciels ne peuvent pas tout faire.
La fin de la lutte contre la désinformation
Des changements importants sont également intervenus dans les règles de modération. Il y a une semaine, Twitter annonçait un revirement majeur: désormais, il n’y a plus aucune modération sur la pandémie. C’est donc la fin de la lutte contre la désinformation. N’importe qui peut prétendre que le virus n’existe pas, qu’il n’a tué personne ou que c’est une invention des médias ou de la pharma.
Elon Musk a toujours été un partisan de la liberté d’expression totale, mais il franchit là une étape importante.
Risque de contagion sur les autres réseaux
Pour l’heure, la régulation est très faible. Et il faudra attendre plusieurs mois avant que les nouvelles lois européennes entrent en vigueur. Le grand risque est que d’autres réseaux sociaux imitent Twitter.
Les dirigeants d’Instagram, TikTok ou Facebook observent certainement de près la situation. S’ils remarquent que les discours de haine ont du succès et que les autorités laissent faire, ils vont sans doute suivre le mouvement.
Anouch Seydtaghia