Contrairement à la Suisse, la plupart des Länder allemands interdisent de ramasser des branches sèches en forêt pour sa cheminée. Chez nos voisins, il faut un permis pour couper du bois en forêt. Dans tout le pays, les formations pour l'acquérir affichent complet.
"Nous sommes assaillis depuis le mois d’août. La demande est énorme", explique Martina Hinnenkamp, de la Grüne Akademie Berlin-Brandenburg, samedi dans le 19h30.
Ils sont employés de bureau, opticiens ou encore éducateurs. Dans une forêt non loin de Berlin, ces bûcherons en herbe apprennent à abattre un arbre, en toute sécurité. C’est la première fois qu’ils manient l'outil.
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Transition énergétique
Avec la crise énergétique, cette formation de deux jours est plus une nécessité qu’un plaisir. À l’approche de l’hiver, les Allemands misent massivement sur le bois de chauffage.
"J’ai dépensé environ 170 euros pour ce cours. Et j’avoue que je ne l’aurais jamais fait en temps normal", admet Johann, un éducateur.
"Chez nous, on baisse le chauffage et on porte des pulls le soir. Alors je me suis dit qu’une petite cheminée ne serait pas du luxe", glisse de son côté Ramon, un opticien.
Un investissement rentable
Le prix de l’équipement et de la formation sont toutefois vite rentabilisés, car un stère de bois non coupé en forêt coûte quatre à cinq fois moins cher qu’en magasin. Les prix ont en effet augmenté de 86% en un an, au grand dam des propriétaires de cheminée.
"Comme le prix du gaz explose, j’ai décidé d’utiliser plus souvent la cheminée, mais les prix ont tellement augmenté par rapport à cet été. Je regrette vraiment de ne pas avoir fait de provisions", note un homme interrogé sur un parking alors qu'il remplissait le coffre de sa voiture avec des sacs de bûches.
L’engouement pour le bois de forêt profite aussi aux petits propriétaires de parcelles. Ils n’ont cette année aucune difficulté à écouler leurs arbres morts. Les ventes ont doublé en quelques mois.
"L'expérience de la guerre et de l’après-guerre"
La crise marque aussi un retour de réflexes historiques. "C’est là qu'on voit que les Allemands sont encore marqués par l’expérience de la guerre et de l’après-guerre", observe Enno Rosenthal, le président de l’association des propriétaires de forêts du Brandenbourg. "Comme à l’époque, surtout dans l’est du pays, les gens étaient obligés de se tourner vers les ressources naturelles de la forêt, pour se chauffer, construire et se nourrir. Et ça revient aujourd’hui."
Et le bois est une matière première qui suscite des convoitises. Un peu partout en Allemagne, les vols en forêt se multiplient. Les dommages se chiffrent déjà à plusieurs millions d’euros rien qu’à Berlin.
Reportage TV: Anne Maillet
Adaptation web: ami