Le nouveau gouvernement compte 19 ministres dont huit femmes. L'ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé Premier ministre.
Un peu plus tôt dans la journée, le président du Congrès, la plus haute autorité du pouvoir législatif péruvien, José Williams, avait appelé la nouvelle présidente à prendre rapidement des mesures, dont la nomination du gouvernement, pour "générer la confiance et la tranquillité".
Manifestations et blocages
De nombreuses manifestations et blocages de route ont lieu depuis jeudi à Lima et dans plusieurs villes du pays, notamment les régions andines où Pedro Castillo, un ancien instituteur en milieu rural, bénéficie du plus grand soutien.
Dina Boluarte, vice-présidente jusqu'à son investiture mercredi après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement, n'a pas exclu l'organisation d'élections anticipées."Je lance un appel aux soeurs et aux frères qui sortent manifester pour leur demander de se calmer", a-t-elle déclaré à la presse.
"Si la société et la situation le méritent, nous proposerons des élections dans le cadre de discussions avec les forces démocratiques du Congrès", a déclaré Dina Boluarte, souhaitant chercher une solution pacifique à la crise politique.
Pedro Castillo placé en détention provisoire
Après sa tentative ratée mercredi de dissolution du Parlement et d'instauration d'un Etat d'urgence, une manoeuvre qualifiée de "coup d'Etat", Pedro Castillo a été placé en détention provisoire jeudi pour sept jours sur réclamation du Parquet qui le poursuit pour "rébellion" et "conspiration".
Il est détenu dans une caserne de la police, la même où un autre ex-président, Alberto Fujimori (1990-2000), purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité et corruption.
Test toxicologique réclamé
Son ancien chef de cabinet Guidio Bellido ainsi que Me Guillermo Olivera, l'un de ses avocats, ont laissé entendre vendredi que Pedro Castillo avait "peut-être été incité" à dissoudre le Parlement sous l'effet de psychotropes.
Alors que le Parlement devait débattre d'une troisième procédure de destitution à l'encontre du président Castillo, "pour incapacité morale", depuis son accession au pouvoir en juillet 2021, celui qui était encore à la tête du pays a fait une déclaration solennelle à la télévision, ceint de l'écharpe présidentielle, annonçant la dissolution du Parlement et la mise en place de l'état d'urgence dans le pays.
"Il ne se souvient pas" de son annonce télévisée, a affirmé Guillermo Bellido, réclamant la réalisation d'un "test toxicologique de toute urgence" sur l'ancien instituteur.
"Tout le monde a vu qu'il lisait d'une manière tremblante, et j'émets l'hypothèse qu'il était sous l'emprise d'un sédatif", a renchéri Me Olivera, affirmant qu'un verre de "supposée eau" avait été servie à son client avant qu'il ne lise "ce message écrit par d'autres personnes, quelques minutes auparavant".
afp/ami
Le Mexique défend l'asile pour Pedro Castillo
Le Mexique a nié samedi être intervenu dans les affaires intérieures du Pérou et défendu son choix d'accorder, le cas échéant, l'asile au président péruvien déchu Pedro Castillo, soulignant qu'il faisait partie de sa "tradition" diplomatique.
L'ex-président du Pérou Pedro Castillo, destitué et placé en détention provisoire, a fait une demande officielle d'asile au Mexique, qui consulte le gouvernement péruvien, avait annoncé jeudi le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.
"Le droit d'asile est une tradition mexicaine (...) il n'a été refusé à personne", a-t-il déclaré samedi, à propos des démarches qu'il a entreprises pour que les autorités péruviennes autorisent le départ de Pedro Castillo.