Quatre personnes écrouées dans l'affaire de corruption au Parlement européen, dont sa vice-présidente
Le parquet fédéral n'a fourni lui aucun nom en annonçant le placement en détention provisoire de quatre des six personnes interpellées ces dernières 48 heures. Elles ont été écrouées par un juge d'instruction bruxellois pour "appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption", a indiqué le parquet fédéral dans un communiqué. Les deux autres personnes ont été libérées.
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Selon une source judiciaire proche du dossier, Eva Kaili compte parmi ces quatre personnes écrouées. Cet ex-présentatrice à la télévision grecque âgée de 44 ans n'a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l'infraction qui lui est reprochée a été constatée "en flagrant délit" vendredi, a expliqué cette même source.
Cette source a confirmé des informations de presse selon lesquelles l'élue grecque était en possession de "sacs de billets" vendredi soir lorsque la police belge l'a interpellée.
Son compagnon italien, qui est assistant parlementaire, mais aussi l’ancien eurodéputé Pier-Antonio Panzeri, interpellé vendredi après la découverte de plusieurs centaines de milliers d’euros en liquide à son domicile, et un lobbyiste seront aussi incarcérés.
Déjà plusieurs sanctions
Le parquet fédéral a annoncé par ailleurs qu'une perquisition avait eu lieu samedi soir au domicile d'un second eurodéputé. Le domicile bruxellois d'Eva Kaili avait été perquisitionné vendredi soir.
Dans cette affaire "est suspecté le versement d'importantes sommes d'argent ou l'offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d'influencer les décisions" de cette institution, souligne le communiqué du parquet.
Samedi soir, la présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, avait décidé d'une première sanction contre Eva Kaili. La vice-présidente grecque s'était vu retirer toutes les tâches déléguées par la présidente, dont celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.
Des eurodéputés de gauche, dont l'écologiste belge Philippe Lamberts au nom du groupe des Verts au Parlement européen, ont demandé la démission d'Eva Kaili, exclue dès vendredi soir du parti socialiste grec.
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"Nous sommes moins incrédules"
Philippe Lamberts a également réagi à ce scandale dans l'émission Forum de la RTS. Il explique avoir été "incrédule pendant la session de novembre" quand les eurodéputés ont dû "faire face à une résistance un peu inattendue et inexplicable du groupe socialiste à l'idée même d'avoir une résolution sur la situation au Qatar dans le cadre de la Coupe du Monde de football".
Il raconte que "les socialistes voulaient s'y opposer" et, une fois la majorité acquise à la résolution, les socialistes "résistaient au langage le plus sévère à l'égard du Qatar". "C'est à ce moment là que nous étions incrédules. Aujourd'hui, nous le sommes un peu moins", développe-t-il. Il se dit toutefois surpris que le Qatar ait été jusqu'à payer certains membres du Parlement européen.
Enfin, Philippe Lamberts déclare lui aussi avoir été approché par le Qatar mais n'avoir pas donné de suite à ces sollicitations. "Pendant cette fameuse session de novembre où nous devions accepter cette résolution, nous avons été en dernière minute saisis de demandes répétées de rencontres avec l'ambassadeur du Qatar. (...) C'est vrai qu'il y avait des démarches insistantes."
iar/furr avec afp