"Le record établi l’an dernier a de nouveau été dépassé: 533 journalistes étaient incarcérés pour avoir exercé leur métier au 1er décembre 2022, soit 13,4 % de plus que l’année dernière", écrit l'organisation dans un communiqué publié en marge de son bilan annuel des exactions commises contre les journalistes.
Sur le total des journalistes emprisonnés, pas moins de 78 étaient des femmes, ce qui constitue également un record. "Les femmes journalistes représentent désormais près de 15% des détenus, contre moins de 7% il y a cinq ans", précise RSF.
Mention spéciale pour l'Iran
La Chine compte le plus grand nombre de journalistes détenus (110), devant la Birmanie (62), l'Iran (47), le Vietnam (39) et le Bélarus (31). A eux seuls, ces cinq pays détiennent plus de la moitié (54%) des journalistes emprisonnés, souligne RSF.
L'organisation s'inquiète particulièrement de la situation en Iran. "En un mois de manifestations, l’Iran est devenu (...) la 3e plus grande prison au monde pour les professionnels de l’information." En outre, contrairement aux quatre pays précités, la république islamique ne figurait pas dans le classement de tête en 2021.
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Le nouveau record du nombre de journalistes incarcérés "confirme que les régimes autoritaires continuent d’emprisonner de façon de plus en plus décomplexée les journalistes qui les dérangent, et ce le plus souvent sans se donner même la peine de les juger", poursuit le rapport. En effet "à peine plus d'un tiers" des journalistes a fait l'objet d'une condamnation.
"Sciemment visés"
Le nombre de journalistes tués a lui aussi augmenté en 2022 pour se porter à 57, soit une augmentation de 18,8% par rapport à 2021. Si 8 journalistes ont perdu la vie dans le cadre de la guerre en Ukraine, la majorité des journalistes tués l'ont été dans des pays considérés comme en paix. Ainsi, avec 11 journalistes assassinés au Mexique, 6 tués en Haïti et 3 au Brésil, l'Amérique constitue "la région la plus dangereuse pour les journalistes", note RSF.
L'organisation indique que 80% de professionnels des médias tués en 2022 ont été "sciemment visés" en raison de leur profession et des sujets sur lesquels ils travaillaient. Outre les reportages en zone de conflit (20 tués), les enquêtes sur le crime organisé et la corruption constituent "les sujets les plus dangereux à couvrir", avec respectivement 13 et 12 tués en 2022.
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Otages et disparus
Au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias sont actuellement retenus en otage à travers le monde. Le Groupe Etat islamique constitue le ravisseur principal, avec 28 personnes retenues contre leur gré.
"Tous les otages se concentrent dans trois pays du Moyen-Orient, à l’exception du cas du Français Olivier Dubois, enlevé au Sahel", poursuit le rapport. La Syrie en compte 42, l'Irak et le Yémen 11 chacun.
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Enfin, deux journalistes ont disparu en 2022, l'un dans une ville ukrainienne occupée par les forces russes, l'autre au Mexique. "Cela porte à 49 le nombre total de journalistes portés disparus depuis 2003", comptabilise RSF.
Le bilan annuel des exactions commises contre les journalistes est établi chaque année depuis 1995. "RSF procède à une collecte minutieuse d’informations permettant d’affirmer avec certitude, ou du moins avec une très forte présomption, que la mort, la détention ou l’enlèvement d’un journaliste est une conséquence directe de l’exercice de sa profession", précise l'organisation.
furr avec ats