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Trois ans de prison avec sursis requis contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire des "écoutes"

Trois ans de prison avec sursis pour Nicolas Sarkozy dans l'affaire des "écoutes" [Keystone - François Mori]
Trois ans de prison avec sursis requis contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire des "écoutes" / Le Journal horaire / 18 sec. / le 13 décembre 2022
Le parquet général français a requis mardi trois ans d'emprisonnement avec sursis à l'encontre de l'ancien président Nicolas Sarkozy, rejugé en appel à Paris pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes".

Ce réquisitoire confirme la culpabilité de Nicolas Sarkozy mais demande une peine moins sévère que le jugement de première instance, où l'ancien chef de l'Etat avait été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme.

La même peine a été demandée pour ses deux coprévenus, l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert et l'avocat historique de l'ex-président Thierry Herzog. La défense doit plaider à partir de mercredi matin. Le procès doit s'achever jeudi soir.

Depuis le début du procès le 5 décembre, l'ex-président de 67 ans se démène à la barre pour clamer son innocence "avec la plus grande force", laver son "honneur" et contester avoir jamais corrompu "qui que ce soit".

De la prison ferme demandée en première instance

En première instance, à l'issue d'un procès électrique où il avait dénoncé des "infamies", Nicolas Sarkozy s'était vu infliger le 1er mars 2021 trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, devenant ainsi le deuxième président de la Ve République condamné par la justice, après Jacques Chirac en 2011, mais le premier à écoper d'une période de prison ferme.

La même peine avait été prononcée contre ses deux coprévenus dans ce sinueux dossier, qui fait se télescoper deux retentissantes affaires judiciaires et trouve son origine dans les interceptions téléphoniques de conversations entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog début 2014.

A l'époque, les deux téléphones de l'ex-homme fort de la droite française ont été "branchés" par les juges chargés de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, qui lui valent aujourd'hui une autre mise en examen.

"Paul Bismuth"

Les enquêteurs découvrent alors l'existence d'une troisième ligne mise en service le 11 janvier 2014 sous l'alias "Paul Bismuth" - du nom d'une connaissance de lycée de Thierry Herzog - et dédiée aux échanges entre l'ex-président et son avocat et ami proche.

Au fil de conversations qu'ils pensent à l'abri des oreilles indiscrètes se dessine, selon l'accusation, un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, qui aurait usé de son influence contre la promesse d'une intervention pour sa carrière.

A l'époque, la haute juridiction était saisie d'un pourvoi de Nicolas Sarkozy, qui voulait faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels dans le cadre de l'enquête pour abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.

Gilbert Azibert est soupçonné d'avoir eu connaissance, en amont, d'informations confidentielles et d'avoir tenté d'influencer des conseillers participant aux délibérations.

Trafics d'influence dans les deux sens

"Il a bossé, hein?", se félicite Thierry Herzog sur la ligne "Bismuth" où il fait part à Nicolas Sarkozy du souhait de Gilbert Azibert d'obtenir "peut-être un coup de pouce" pour un poste à Monaco.

D'après les interceptions, Nicolas Sarkozy promet alors à son avocat d'activer ses réseaux pour "faire monter" Gilbert Azibert à Monaco. "Je m'en occuperai parce que moi je vais à Monaco et je verrai le Prince", assure-t-il.

Finalement, Gilbert Azibert ne décrochera pas le poste convoité et la Cour de cassation rejettera le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des agendas. Le point de savoir s'il est intervenu auprès des autorités monégasques reste discuté.

furr avec afp

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