Nestlé est bien l’une des rares multinationales à investir en temps de guerre, mais elle n'est ni la seule, ni la plus dépensière, à en croire l’organisme Ukraine invest, chargé d’attirer les investisseurs étrangers.
Sur les deux prochaines années, pas moins de 25 entreprises étrangères investiront au total cinq milliards de dollars dans le seul secteur manufacturier.
Le groupe irlandais Kingspan, par exemple, qui produit des matériaux de construction, indiquait en juin investir à lui seul 200 millions de dollars.
Usine pour la fabrication de nouilles
Nestlé n'est peut-être pas "la première multinationale" à investir en Ukraine, mais son annonce n’en demeure pas moins très importante. Le groupe va en effet construire une nouvelle usine dans l’ouest de l’Ukraine, à Smolyhiv.
Le nouveau site permettra d'augmenter les capacités de production de nouilles. Il s'intégrera à un pôle dans la région de Volyn, destiné aux produits culinaires pour les marchés ukrainien et d’autres en Europe. Il devrait à terme employer 1500 personnes.
En Ukraine, Nestlé emploie 5500 travailleurs et leur fournit de l’aide alimentaire. Leurs collègues du monde entier se serrent les coudes, explique la multinationale. Ils ont récolté plus de 500'000 francs pour le CICR. Une fois la récolte terminée, Nestlé s’engage à doubler ce montant.
Présence sur sol russe critiquée
L’engagement de Nestlé en Ukraine contraste avec les débats sur sa présence en Russie, qui fait l'objet en mars de vives critiques et d’appels au boycott, par le pouvoir ukrainien en premier lieu. En restant en Russie, le numéro un mondial de l’alimentation contribuerait indirectement à financer l'invasion de Vladimir Poutine.
Nestlé a répondu fournir des biens essentiels à la population, notamment des aliments pour nourrisson ou de nutrition médicale.
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Toute l'histoire des implantations de Nestlé dans différents pays suit une même logique: ne jamais partir, ou alors partir en dernier. C'était par exemple le cas au Vietnam, où le représentant sur place de Nestlé a été le dernier à quitter le pays à la chute de Saigon, selon l'historien suisse Pierre-Yves Donzé, dans une interview avec le journal de l'Université de Fribourg parue en 2017.
Symbole fort
L'engagement de Nestlé est un signal fort pour l'Ukraine, alors que la guerre fait rage et que la Russie détruit les infrastructures civiles.
L'économie ukrainienne devrait se contracter de 35% en 2022, selon la Banque mondiale. Le chemin vers la stabilisation est encore long. Une fois la guerre terminée, la corruption restera une grande source d'incertitude pour les investisseurs étrangers. Rappelons également que le gouvernement ukrainien a chiffré cet été la facture de la reconstruction du pays à plus de 750 milliards de dollars.
Sujet radio: Frédéric Mamaïs
Adaptation web: ami avec afp
Présence en Ukraine depuis 1994
L'entreprise Nestlé, dont le siège est situé à Vevey, est présent en Ukraine depuis 1994, où il avait d'abord ouvert un bureau de représentation pour commencer à y distribuer certaines de ses grandes marques internationales telles que Nescafé, Nesquik, KitKat ou les produits pour animaux de compagnie Friskies.
En 1998, Nestlé avait pris une participation dans une marque locale de confiserie avant de la racheter intégralement en 2018. Le groupe avait aussi procédé à d'autres rachats, dont celui de Tekhnokom LLC, un fabricant de repas instantanés en 2010. Au fil de ses investissements, ses effectifs dans le pays étaient montés à 5800 employés.