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Signe d'une crise, les futurs médecins britanniques partent étudier à l'étranger

Le service de santé britanniques (NHS) est en crise. Image d'illustration. [Reuters - Henry Nicholls/File Photo]
La pénurie de personnel dans le domaine de la santé est criante au Royaume-Uni / La Matinale / 2 min. / le 15 décembre 2022
Au Royaume-Uni, alors que les infirmières font grève jeudi, le service de santé publique (NHS) doit combler 130'000 postes, dont 12'000 de médecins. Non en raison d'un manque d'aspirants, mais d'une insuffisance de places dans les universités. Résultat: certains se forment dans les pays de l'Est.

Molly, une Londonienne de 26 ans, est sur le point de terminer ses études de médecine en Bulgarie, un pays qui est une destination notable des futurs praticiens britanniques, à l'instar de la Géorgie.

La jeune femme juge l'expérience très positive, même si ce choix était son plan B. "Aller à l'étranger, c'est pour des gens comme moi, qui n'ont pas été pris et qui savent qu'ils ne veulent pas faire autre chose que médecine", déclare-t-elle dans La Matinale. "Si j'avais obtenu une place au Royaume-Uni, je l'aurais bien sûr prise, car j'aurais eu un prêt universitaire, ce qui n'était pas le cas en Bulgarie. Mes parents ont dû m'aider financièrement pendant mes 6 années d'études en Bulgarie. Tout le monde ne peut pas faire ça."

Formations en anglais

Près de 90% des aspirants médecins ou dentistes sont recalés chaque année des filières médicales au Royaume-Uni. Le gouvernement limite le nombre d'entrées, car la formation coûte cher à l'Etat. Il faut compter 250'000 francs par étudiant. Cette pénurie de places entraîne un exode de jeunes Britanniques vers l'Europe de l'Est, qui offre des cursus en anglais, reconnus par le système de santé outre-Manche.

Aris Grigoriou, de l'agence Study Medicine Europe, a vu le nombre de candidats progresser constamment depuis 10 ans. Près de 2000 d'entre eux sont partis cette année, la Géorgie étant actuellement la destination la plus populaire. "Les étudiants choisissent d'abord en fonction des frais universitaires, plutôt que d'où vient le diplôme", explique-t-il. "Par exemple, pour une année de médecine en Bulgarie, il faut débourser 8000 euros, alors qu'en Géorgie, c'est la moitié."

Retour au pays

La plupart des médecins diplômés à l'étranger retournent ensuite au Royaume-Uni pour se spécialiser. Le NHS a beau être très mal en point, Molly n'est pas découragée pour autant: "Je sais qu'on se plaint beaucoup du NHS en ce moment, mais ça fait un long moment que ça se détériore. Ce n'est pas arrivé en un jour. Je pense que quand vous voulez devenir médecin, vous savez ce qui vous attend. Je pense que je suis prête pour ça", affirme-t-elle.

Le NHS s'appuie de plus en plus sur des médecins formés à l'étranger pour combler ses rangs. Ils représentent plus de 40% de la profession.

Catherine Ilic/ami

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Système de santé en crise

Les infirmières britanniques se sont mises en grève jeudi pour réclamer des augmentations face à l'envolée des prix et la crise du système de santé public.

Jusqu'à 100'000 infirmières participent à cette grève, la première dans les 106 ans d'histoire de leur syndicat, le Royal College of Nursing (RCN), jeudi puis le 20 décembre. Le mouvement concerne l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord.

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Banques alimentaires

En Angleterre, un établissement sur quatre a dû se résoudre à ouvrir une banque alimentaire pour son personnel. Et notamment pour des infirmières. Avec une inflation à 11%, elles n’arrivent plus à joindre les deux bouts. D’après les estimations, leur salaire réel a chuté de 20% depuis 2010. Des témoignages font état de collègues qui vivent dans leur voiture, ne pouvant plus payer leur loyer.

En parallèle, les conditions de travail empirent, entraînant un exode de la profession. Rien que l’an passé, 25'000 infirmières ou sages-femmes ont quitté le NHS. Pour faire entendre leur colère, qui monte depuis des mois, elles affirment que la grève était le seul recours restant. Elles réclament une augmentation de salaire de 19%, le gouvernement a offert jusqu’ici 4%.

>> Ecouter le sujet dans La Matinale :

Les infirmières britanniques débrayent jeudi [REUTERS - Henry Nicholls]REUTERS - Henry Nicholls
Infirmières britanniques en grève / La Matinale / 1 min. / le 15 décembre 2022

"Nous sommes désespérés"

Alys, une infirmière urgentiste dans un hôpital londonien, en témoigne: "Chaque jour, je me demande pourquoi je fais ce travail. Je ne sais pas comment je vais pouvoir continuer encore 25 ans… Beaucoup de mes collègues s’interrogent aussi. Nous avons vu tellement de très jeunes, fraîchement diplômés, partir après seulement un ou deux ans de service, parce que la pression est trop grande! Chaque année, on se dit: 'ça ne va pas pouvoir être pire.' Et pourtant, c’est le cas. Cette semaine au travail, je n’ai jamais vu autant d’ambulances devant l’hôpital qui attendent pour que les patients soient pris en charge. Nous sommes désespérés. Si nous faisons grève, c’est parce que le système de santé est dans un état désespéré et parce que nous voulons aussi être mieux payés."

>> Ecouter le témoignage d'Alys dans La Matinale :

Alys, une infirmière urgentiste dans un hôpital londonien témoigne de la crise du NHS. Image d'illustration de la grève des infirmières. [REUTERS - Henry Nicholls]REUTERS - Henry Nicholls
Le service de santé publique du Royaume-Uni s’enfonce dans la crise: témoignage d'une infirmière londonienne / La Matinale / 1 min. / le 15 décembre 2022