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Le Parlement espagnol vote sur un congé menstruel et un élargissement du droit à l'IVG

L'Espagne est le premier pays européen à offrir un congé menstruel aux femmes souffrant de règles douloureuses. [Pexels - Sora Shimazaki]
Espagne: un projet de loi pour un congé menstruel et l'accès à l'IVG soumis au vote / Le 12h30 / 2 min. / le 15 décembre 2022
Les députés espagnols ont adopté jeudi, en première lecture, un projet de loi créant un "congé menstruel" pour les femmes souffrant de règles douloureuses, une mesure inédite en Europe destinée, selon le gouvernement de gauche, à briser un tabou.

Cette avancée - adoptée avec 190 voix favorables, 154 contre et 5 abstentions - n'est pas si surprenante, dans une Espagne déjà très en pointe sur toutes les questions féministes. Si cette mesure ne sera pas une porte ouverte à toutes les femmes, des millions d'entre elles pourraient néanmoins être concernées.

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Selon la société gynécologique et obstétrique espagnole, un tiers des femmes souffrent de règles douloureuses, avec des symptômes comme la diarrhée, des maux de têtes et de la fièvre. Pour bénéficier d'un congé menstruel, il faudra en tout cas l'autorisation d'un médecin traitant. C'est lui ou elle qui décidera aussi du nombre de jours nécessaires au repos. Cet arrêt maladie sera intégralement payé par l'Etat et non par l'entreprise.

"Les règles ne seront plus un tabou"

Irene Montero, ministre espagnole de l'Egalité, se félicite de cette loi. "Le message est très clair: les règles ne seront plus un sujet tabou. C'est fini d'aller travailler avec des douleurs ou d'avaler des tas de médicaments pour aller au travail et de devoir cacher que nous avons des douleurs invalidantes", se réjouit-elle.

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Ce "congé menstruel" est l'une des mesures phares d'un projet de loi beaucoup plus large prévoyant également de renforcer l'accès à l'avortement dans les hôpitaux publics, qui pratiquent moins de 15% des IVG dans le pays en raison notamment d'une objection de conscience massive des médecins.

Accès à l'avortement élargi

Actuellement, des femmes doivent donc parcourir des centaines de kilomètres pour avorter dans certaines zones face au manque de service public et à l'absence de clinique spécialisée à proximité.

Ce texte doit également permettre aux mineures d'avorter sans l'autorisation de leurs parents à 16 et 17 ans en revenant sur une obligation instaurée par un précédent gouvernement conservateur en 2015.

L'avortement a été dépénalisé en Espagne en 1985 puis légalisé en 2010, mais l'IVG reste un droit semé d'embûches dans ce pays de tradition catholique.

Ce droit accordé aux adolescentes ne fait toutefois pas l'unanimité. "Je ne suis pas très d'accord, la majorité est à 18 ans. Lorsque ma fille va au musée avec son école, je dois donner mon autorisation, et si elle veut avorter, non! Ca n'a vraiment pas de sens", critique Olga, mère de deux filles de 12 et 14 ans. "Et ce sera donner des libertés aux adolescentes alors qu'elles sont encore petites et pas forcément mûres. A 16 ans, on ne sait même pas ce qu'on veut faire dans la vie. Et elles ne connaissent pas toutes les conséquences. Chaque chose en son temps", estime cette mère de famille.

Une première en Europe

Ce texte va devoir désormais être voté par le Sénat et revenir à la Chambre des députés si jamais il a été modifié lors de son passage par la chambre haute, avant de devenir loi.

Lorsque ce texte sera adopté définitivement, l'Espagne deviendra le premier pays en Europe et l'un des rares dans le monde à intégrer le congé menstruel dans sa législation, à l'instar notamment du Japon, de l'Indonésie ou de la Zambie.

Sujet radio Valérie Demon

Adaptation web cab

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