Dans une nouvelle tentative de mettre fin à la crise et aux protestations, Dina Boluarte a demandé au Parlement d'avancer les élections générales.
"Que résoudrait ma démission? Nous allons rester ici, fermes, jusqu'à ce que le Congrès se décide à avancer les élections (...). Je demande que l'on reconsidère le vote" de vendredi, quand le Parlement s'est prononcé contre l'avancement des élections générales de 2026 à 2023, a-t-elle plaidé.
Le président de l'Assemblée José Williams a déclaré vendredi que le vote devait être reconsidéré lors d'une prochaine session.
19 morts
Dans un message télévisé, Dina Boluarte - vice-présidente du Pérou jusqu'à la destitution de Pedro Castillo - a déploré les manifestations qui ont fait au moins 19 morts et 569 blessés, dont des mineurs.
Certains décès sont liés à des affrontements avec des militaires, autorisés à intervenir pour maintenir la sécurité intérieure dans le cadre de l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de trente jours.
La présidente, issue du même parti radical de gauche que Pedro Castillo, a expliqué que si les forces armées descendaient dans la rue, "c'était pour protéger" les citoyens "parce que la situation devenait incontrôlable". Elle a dénoncé la présence de "groupes violents" organisés.
"Ces groupes ne sont pas apparus du jour au lendemain, ils avaient organisé tactiquement des barrages routiers", a-t-elle souligné.
Revendications des manifestants
Les manifestants exigent la libération du président déchu Pedro Castillo, la démission de Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et des élections générales immédiates.
Les protestations les plus intenses ont eu lieu dans la région andine du sud du Pérou, frappée par la pauvreté, où les revendications d'ordre social n'ont pas été satisfaites depuis longtemps.
Les manifestations ont éclaté après que Pedro Castillo a tenté de dissoudre le Parlement le 7 décembre et de gouverner par décret. Arrêté le même jour, il devrait rester en prison jusqu'en juin 2024, afin d'être inculpé de rébellion. Il encourt une peine de dix ans de prison.
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Touristes bloqués
Quelque 200 touristes bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu en raison des manifestations ont pu être évacués samedi et ont pu rejoindre la ville de Cuzco, qui a un aéroport international.
Le train, qui avait été arrêté depuis mardi, est l'unique moyen moderne de se rendre à la citadelle depuis Cuzco, l'ancienne capitale de l'empire inca, à 110 km. En tout, au moins 622 touristes dont 525 étrangers auraient été bloqués sur le célèbre site de la citadelle, et près de 5000 dans la région du Machu Picchu.
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Aéroports encore fermés
Si l'aéroport de Cuzco a repris ses activités vendredi, trois autres sont encore fermés, comme celui d'Arequipa, où Alice, infirmière suisse en vacances, est bloquée depuis sept jours déjà.
Elle raconte au micro du 12h30 de la RTS: "Pour le moment, on attend juste que l'aéroport ouvre. On était censé avoir notre vol hier (samedi), mais il a été annulé. On a réussi à en reprogrammer un le 21 décembre, mais on n'a pas de nouvelles sur la réouverture de l'aéroport demain ou après-demain. C'est incertain. Apparemment les manifestants ont pas mal détérioré les pistes d'atterrissage. Il y a beaucoup d'avions qui ont été annulés et du coup les prix ont augmenté énormément. On ne peut pas partir par la route , tout est bloqué, et il n'y aucune compagnie de bus qui vend des billets".
L'infirmière ajoute être "un peu lassée" mais reconnaît prendre son mal en patience grâce à ses camarades d'infortune touristique. "Il y a d'autres touristes à Arequipa, donc on essaie de se trouver, de faire des jeux de cartes, de passer le temps. On espère avoir un vol le plus vite possible".
Julien Furrer avec afp