Parmi les plus de 17 millions de votants, 57,5% se sont dits favorables à un départ d'Elon Musk, qui s'est engagé à respecter le résultat, mais n'a pas réagi dans l'immédiat. "Dois-je quitter la direction de Twitter?", avait demandé le milliardaire dans la nuit de dimanche à lundi sur le réseau social. "Je m'en tiendrai aux résultats de ce sondage", avait-il promis.
Dans un échange avec un de ses abonnés Twitter, Elon Musk a assuré qu'il n'avait pas de successeur désigné. Il a indiqué dans un autre message que la plateforme était "sur la voie rapide de la faillite".
Depuis le rachat fin octobre, le patron de Tesla et de SpaceX a suscité de nombreuses polémiques en licenciant la moitié des effectifs de Twitter, en rétablissant des comptes suspendus, en suspendant ceux de journalistes et en cherchant à lancer un nouvel abonnement payant.
Promotion d'autres réseaux sociaux interdite
Cette annonce est intervenue après de nombreuses critiques contre la décision annoncée dimanche de Twitter d'interdire à ses utilisateurs de publier des liens vers des réseaux concurrents, comme Facebook, Instagram, Mastodon ou Truth Social.
Il devient, par exemple, prohibé de tweeter: "Merci de me suivre @Identifiant sur Instagram", a indiqué la plateforme.
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Ces nouvelles règles ont suscité l'incompréhension de nombreux utilisateurs, dont Jack Dorsey, le cofondateur et ancien patron de Twitter. "Pourquoi?" a-t-il sobrement tweeté.
Après la suspension de certains comptes en vertu de la nouvelle politique, dont celui de l'investisseur Paul Graham, Elon Musk a nuancé sa décision. Il a tweeté qu'au lieu de cibler des tweets individuels, la politique se limiterait à "suspendre des comptes uniquement lorsque l'objectif 'principal' de ce compte est la promotion de concurrents".
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Comptes suspendus
Depuis son rachat par le patron de Tesla et SpaceX fin octobre, pour 44 milliards de dollars, les règles de modération mises en place sur Twitter par Elon Musk, autoproclamé défenseur de la liberté d'expression, sont loin de faire l'unanimité.
Il a, ces derniers jours, supprimé puis rétabli les comptes de plusieurs journalistes américains de CNN, du New York Times et du Washington Post notamment, faisant réagir l'Union européenne et l'ONU. La vice-présidente de la Commission européenne a même menacé l'entrepreneur de sanctions.
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Le multimilliardaire avait d'abord, mercredi, suspendu @elonjet, un compte qui rapportait automatiquement les trajets de son jet privé, puis les comptes de journalistes qui avaient ensuite tweeté à propos de cette décision, les accusant de mettre sa famille en danger.
Ceux-ci ont été rétablis samedi, mais certains ont indiqué avoir été sommés d'effacer certaines publications s'ils voulaient pleinement utiliser la plateforme. Et, samedi soir, le compte Twitter d'une journaliste du Washington Post, Taylor Lorenz, a à son tour été suspendu pendant plusieurs heures.
"Elon Musk a suspendu mon compte Twitter", a affirmé sur son blog la journaliste, qui couvre le secteur des technologies pour le Washington Post. Son compte a été rétabli dimanche, et elle a envoyé un tweet à 12h38.
Décisions controversées
Elon Musk a pris des décisions controversées depuis son acquisition de Twitter, rétablissant des comptes qui avait été bannis, dont celui de Donald Trump et mettant fin à la lutte contre la désinformation liée au Covid-19.
Mais il a aussi suspendu le compte du rappeur Kanye West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites et refusé le retour sur la plateforme du complotiste d'extrême droite Alex Jones.
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agences/vajo
"Personne ne soutiendrait quelqu'un qui agirait comme ça"
Interrogé mardi dans La Matinale, Stéphane Koch, expert en stratégie numérique, dresse un portrait pessimiste de Twitter. Le réseau social "allait plutôt dans le bon sens", dit-il, jusqu'à la reprise en main par Elon Musk. Depuis, le milliardaire a "plutôt sabordé" la société.
A en croire Stéphane Koch, le tableau est sombre. "Si Twitter devait faire faillite, cela serait en grande partie de la faute d'Elon Musk", affirme-t-il. "Personne ne soutiendrait une autre personne qui agirait comme ça", dénonce-t-il, tout en précisant que l'aura entourant le créateur de Tesla pourrait encore changer la donne.
Selon Stéphane Koch, une direction de l'entreprise avec "une vraie volonté d'aller de l'avant", plutôt que le comportement jugé "erratique" de son nouveau patron, sauvera Twitter du naufrage.
Stéphane Koch reste toutefois prudent sur le potentiel départ d'Elon Musk de la tête de Twitter, réclamé par quelque 57% des personnes récemment sondées sur le réseau social.
"Il avait déjà annoncé qu'il voulait laisser la direction du réseau à quelqu'un d'autre le 16 novembre. Entretemps, il a peut-être changé d'avis et peut-être qu'il en changera de nouveau. En tout cas, c'est le sondage qui a eu le plus de popularité parmi ceux qu'il a fait jusqu'à maintenant."
A voir donc, si Elon Musk cède les rênes de cette entreprise ou s'il poursuit son œuvre qui ne fait de loin pas l'unanimité.