Au terme d'un match de légende, Emmanuel Macron, debout dans les vestiaires, n'a pas tari d'éloges sur l'équipe des Bleus, pourtant perdante: "Vous avez fait rêver des millions de Français" et "je suis fier de vous", a déclaré le président français devant des joueurs à la mine visiblement déconfite.
Sur la pelouse encore, le chef d'Etat était venu réconforter Kylian Mbappé en le serrant dans ses bras. A voir cette effusion d'amour, certains internautes expriment leur gêne face à un Emmanuel Macron qui semble vouloir profiter de l'occasion pour redorer son blason.
"Malaisant", "lourd" ou encore Mbappé "lui a mis des gros vents": sur Twitter, les utilisateurs relèvent le fossé entre l'enthousiasme affiché du président et les réactions des footballeurs français. Kylian Mbappé, le meneur de jeu à la défaite amère, ne semble visiblement pas apprécier l'accolade forcée avec Emmanuel Macron.
"Récupération politique"
Dans son billet du jour, le quotidien de gauche Libération estime "que le chef d'Etat a gâché un moment de sport qui ne méritait aucune récupération politique". Il rappelle par ailleurs qu'Emmanuel Macron, qui s'exprimait en novembre sur sa possible venue au Qatar, avait assuré qu'"il ne faut pas politiser le sport".
Le président, à trop afficher sa passion pour le ballon rond – ou à vouloir communiquer de manière trop ostensible, selon certains éditoriaux – se met en porte-à-faux avec ses propres déclarations. En ce lendemain de finale de Coupe du monde, les projecteurs se retrouvent braqués sur le dirigeant, mais pas pour les bonnes raisons.
"Cela donnait l'impression que le président cherchait à tout prix à apparaître à l'image, même par effraction, alors qu'il n'aurait pas forcément dû y être", analyse Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po Paris, lundi dans Forum. "En cas de victoire, sa présence aurait été naturelle. Là, c'était un peu étrange, il s'est imposé dans l'image. Et clairement ni les joueurs ni l'entraîneur n'avaient envie qu'il soit là."
Emmanuel Macron s'est érigé en acteur du match et est sorti de son rôle institutionnel "pour devenir quelque chose qui n'était pas vraiment défini ou compréhensible", ajoute Philippe Moreau Chevrolet, qui estime que le comportement du président va marquer sa relation avec l'équipe française de football. "Pour les joueurs, cela ne peut pas être ressenti autrement que comme une forme de violence."
Bilan carbone
Certains médias, comme Le Point, en ont profité pour relever le bilan carbone élevé des vols vers et en retour du Qatar. Un aspect particulièrement gênant alors que la COP15 sur la protection de la biodiversité s'achève ce lundi et que le chef d'Etat français, comme bien d'autres, était absent.
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Le journal a ainsi calculé que les deux allers-retours d'Emmanuel Macron ont coûté plus de 500'000 euros au contribuable. Au total, les trajets présidentiels en lien avec la Coupe du monde ont généré 480 tonnes d'équivalent CO2, "soit 53 ans de l'empreinte carbone moyenne d'un Français", estime le média français.
De son côté, le président a confirmé qu'il recevrait l'équipe à l'Elysée mais sans préciser de date.
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Doreen Enssle