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Des milliers de migrants espéraient passer aux États-Unis, la Cour suprême en décide autrement

Des migrants traversent le Rio Grande, à Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. [GETTY IMAGES VIA AFP - JOHN MOORE]
Des migrants traversent le Rio Grande, à Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis - [GETTY IMAGES VIA AFP - JOHN MOORE]
Ils étaient nombreux à attendre depuis des semaines à la frontière américano-mexicaine, en espérant la suspension du "Title 42", une norme qui permet aux autorités des Etats-Unis de bloquer l'entrée de migrants. La Cour suprême a accepté lundi un recours de plusieurs Etats conservateurs, et la mesure reste donc en vigueur.

Kirley est arrivée à Matamoros, au Mexique, avec ses blessures, occasionnées quand elle a sauté d'un train de marchandises pour atteindre la frontière avec les Etats-Unis. Comme des milliers d'autres personnes, elle attend une opportunité pour franchir la dernière étape la séparant de son rêve américain.

Depuis deux semaines, cette Vénézuélienne de 19 ans et son petit ami Jenderson dorment dans les rues de Matamoros, suspendus au "Title 42", une norme qui permet aux autorités des Etats-Unis de bloquer l'entrée de migrants pour des raisons de protocole anti-Covid.

Ce dispositif devait initialement prendre fin le 23 mai mais un juge de Louisiane avait bloqué sa levée. Le 15 novembre, un juge fédéral de Washington avait ensuite exigé du président Joe Biden qu'il mette fin aux expulsions prévues par ce dispositif. La levée du "Title 42" était donc prévue lundi avant minuit.

>> Les précisions de La Matinale :

Des membres de la police mexicaine patrouillent la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. [Reuters - Carlos Jasso]Reuters - Carlos Jasso
Aux États-Unis, la Cour suprême a décidé de maintenir une mesure bloquant les migrants à la frontière / La Matinale / 25 sec. / le 20 décembre 2022

La Cour suprême en décide autrement

A la suite d'un recours déposé par une vingtaine d'Etats conservateurs américains, la Cour suprême a finalement décidé de maintenir ce dispositif.

L'attente du jeune couple, comme d'autres milliers de Vénézuéliens ou Salvadoriens arrivés dans cette ville de l'Etat de Tamaulipas, est marquée par la peur d'échouer dans leur tentative de fuir les pénuries qu'ils subissaient dans leur pays.

Les migrants doivent aussi lutter contre la désinformation. Il y a une semaine, sur leurs téléphones portables, une rumeur disait qu'il y aurait une ouverture de la frontière par les autorités pour quelques heures. Conséquence: ils ont quitté leurs refuges et leurs places ont alors rapidement été prises par d'autres.

Immigrer légalement

Le "Title 42" les empêche de demander l'asile aux portes des Etats-Unis et permet l'expulsion de migrants sans papiers. Mais même si ce dispositif avait été levé, rien ne garantissait à Kirley et Jenderson de recevoir la protection du gouvernement américain, l'objectif pour lequel ils ont risqué leur vie dans leur périple de quatre mois.

"Nous sommes ici depuis longtemps, car non, nous voulons entrer de façon légale, nous ne voulons pas entrer illégalement", explique Alejandro Mosquera, un migrant vénézuelien.

A Matamoros, des avocats spécialisés dans la migration gèrent quelque 5000 demandes, pour la plupart venant de Vénézuéliens et de Haïtiens, qui endurent des températures négatives.

De l'introduction du "Title 42" en mars 2020, sous le gouvernement Trump, à fin septembre dernier, les migrants d'Amérique latine et des Caraïbes se sont vu refuser l'asile 2,3 millions de fois à la frontière méridionale des Etats-Unis, selon les données officielles américaines.

Des migrants se réchauffent autour d'un feu à Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, le 19 décembre [GETTY IMAGES VIA AFP - JOHN MOORE]
Des migrants se réchauffent autour d'un feu à Ciudad Juarez, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, le 19 décembre [GETTY IMAGES VIA AFP - JOHN MOORE]

Manque d'abris

Quelque 600 migrants dorment dans les rues de Matamoros dans de petites tentes de campagne, ou couverts de plastique.

Face au manque d'abris, les autorités locales ont adapté un centre de loisirs pour 200 personnes, actuellement occupé par 700 personnes, avance Alejandro Cerezo, maire de la ville.

D'autres migrants occupent des maisons abandonnées. "C'est une situation qui nous désespère, notamment parmi les riverains", relève l'édile.

Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, s'était contenté de dire vendredi dernier, lors d'une visite à Washington, que le gouvernement se préparait à la fin du "Title 42".

doe/afp

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