Conséquence directe du basculement rapide d'une politique "zéro Covid" ultra restrictive à une quasi-absence de mesures sanitaires, le nombre de cas de Covid explose dans les villes chinoises. Les autorités admettent elles-même qu'il est impossible de déterminer l'ampleur exacte de l'épidémie depuis que la politique de tests généralisés a été abandonnée.
Mais les signes ne trompent pas. Des hôpitaux débordés et des queues de corbillards qui se mêlent aux familles endeuillées devant les crématoriums, à cours de place pour conserver les corps. "À l'heure actuelle, l'accent de la gestion de l'épidémie s'est déplacé de la prévention vers le traitement médical", déclare le porte-parole de la Commission chinoise de la santé.
Volte-face inquiétant
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Pékin aurait compris que sa politique radicale était devenue intenable avec le variant Omicron, dont la très grande transmissibilité a rendu caduques les politiques visant à contenir complètement le virus. "L'explosion des cas en Chine a commencé bien avant la levée des restrictions", affirmait la semaine dernière Michael Ryan, directeur exécutif de la gestion des urgences sanitaires à l'OMS.
Dans la communication officielle, le pouvoir ne parle plus de pneumonie mortelle, mais de simple rhume. Ce virage à 180 degrés des autorités, consécutif aux manifestations contre la politique "zéro Covid", inquiète une partie de la population qui s'est précipitée en nombre dans les pharmacies pour tenter de faire le plein de médicaments.
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Trouver un équilibre
Le pays accélère également la vaccination des plus âgés, mais avec un retard conséquent. Car si le "zéro Covid" n'est pas en soi une politique "fausse", il faut en préparer la sortie, car ce n'est pas une politique vraiment durable, estime l'infectiologue Daniel Bausch, spécialiste en santé globale pour la fondation FIND.
"Donc il faut vacciner la population. Or, le problème en Chine, c'est qu'ils ont des vaccins, mais ils ne sont pas aussi protecteurs que les vaccins disponibles dans nos régions. Et ils n'ont pas vacciné suffisamment de personnes", analyse-t-il mardi soir dans le 19h30.
Concrètement, le cas chinois montre qu'il faut trouver le juste équilibre entre les confinements et la préparation de solutions de sortie de crise. Ce n'est pas un chèque en blanc pour celles et ceux qui s'opposent aux confinements, affirmant qu'il est préférable de laisser les gens être infectés. "Ce n'est pas une politique éthique, car les gens ne peuvent pas tous être immunisés. Beaucoup de gens peuvent mourir pour ça", commente Daniel Bausch.
Sujet TV: Tamara Muncanovic
Texte web: Pierrik Jordan
Le risque d'un nouveau variant mortel?
Interrogé sur le risque que la circulation du virus en Chine ne mène à l'apparition de nouveaux variants, le président de la Société américaine de médecine tropicale estime que ce n'est pas exclu. "Je ne veux pas faire d'alarmisme, mais quand un virus circule et se réplique beaucoup, il y a une possibilité que quelque chose de dangereux en sorte", dit-il.
"Actuellement, en Europe, nous avons appris à vivre avec le Covid. Le vrai risque, c'est l'émergence d'un variant très différent contre lequel le vaccin ne protégerait pas. Ce n'est pas impossible."
Toutefois, les vaccins à technologie ARN-messager présentent l'avantage d'être facilement adaptables aux différents variants d'un virus, et les pays occidentaux ont désormais l'expérience de leurs précédentes campagnes de vaccination pour éviter le retour à une situation de crise majeure.