Le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, archipel polynésien de neuf atolls situés dans le Pacifique sud, a annoncé en grande pompe la création d’un double numérique de son pays dans le métavers. Mais cette annonce soulève des questions juridiques sans précédent.
Ce projet répond d’abord à un besoin pédagogique, celui d'alerter sur le danger que courent certains Etats avec la montée des eaux. Elle a aussi un objectif culturel et historique: conserver une trace de ce qui pourrait disparaître.
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Souveraineté et citoyenneté
Mais il pourrait aussi, à terme, remplir d’autres fonctions. Une disparition physique de Tuvalu aura en effet des conséquences juridiques et économiques. En termes de souveraineté, notamment. Tuvalu possède en effet un immense territoire maritime, vaste de 756'000 km2, pour une surface terrestre de moins de 30km2.
Pour sa population, d'autres questions se posent: quelle est la nationalité et quels sont les droits des citoyens et citoyennes d'un pays qui n'est plus habitable?
Musique d'avenir
À l'heure actuelle, l'existence d'un "double virtuel" pour un pays n'est pas prévu dans le droit international. En l'état actuel, il ne pourrait donc pas jouer un rôle de substitut juridique. Mais il n'est pas inimaginable, à long terme, qu'un Etat puisse avoir une existence juridique purement virtuelle.
Il faudrait toutefois revoir fondamentalement la définition d'un Etat. La Commission du droit international de l’ONU se penche actuellement sur les différentes questions posées par cette situation. Et elle devra peut-être y répondre plus vite que prévu.
Sujet radio: Ariane Hasler
Texte web: jop
Déjà grandement alimenté par internet
Détail amusant, Tuvalu mise déjà en grande partie sur internet pour alimenter son économie. En effet, cet Etat bénéficie largement de l'attribution du nom de domaine ".tv", qui est aussi très utilisé partout dans le monde en raison de son homonymie avec l’abréviation de télévision.
Le gouvernement de Tuvalu a ainsi négocié un contrat juteux autour de l'utilisation de ce suffixe, qui contribue chaque année à près de 10% de son PIB. Avant cette vente du domaine, Tuvalu était l'un des pays les plus pauvres au monde.