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Nadia Boehlen: "La Suisse doit s'engager activement pour les droits humains"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nadia Boehlen, porte-parole d'Amnesty International Suisse
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nadia Boehlen, porte-parole d'Amnesty International Suisse / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 20 min. / le 26 décembre 2022
Afghanistan, Ukraine ou encore Iran: invitée lundi dans La Matinale de la RTS, Nadia Boehlen, porte-parole de la section suisse d'Amnesty International, a tiré le bilan de l'année 2022 sur le front des droits humains. Elle évoque aussi des évolutions positives.

L'Afghanistan et les talibans ont ordonné ce week-end aux ONG de ne plus travailler avec des femmes sous peine de suspendre leur licence d’exploitation.

Suite à cette annonce, plusieurs organisations étrangères ont décidé de suspendre leurs activités dans le pays. Or, si Amnesty International n'a pour l'heure pas encore communiqué officiellement sur cette annonce, sa porte parole Nadine Boehlen dit "déplorer cette situation".

Une situation qui empire en Iran

En Iran, le 24 novembre dernier, le Conseil des droits de l’Homme adoptait une résolution pour la mise en place d’une mission sur les violations des droits humains suite au mouvement de contestation qui a débuté le 16 septembre dernier après la mort de Masha Amini. Une décision qualifiée par Amnesty International "d’historique" et de "tournant dans la lutte contre l’impunité en Iran". Or, un mois plus tard, la situation sur place a encore empiré, avec des exécutions - parfois publiques - de manifestants.

L'ONG se serait-elle réjouie trop tôt? "Les mécanisme d’accès à la justice paraissent souvent dérisoires lors d'un conflit, mais c’est déjà quelque chose. Cela permet de désigner des responsables", a soutenu sa porte-parole lundi au micro de la RTS. Et d'ajouter: "Malgré son rôle diplomatique, il est important que la Suisse affirme publiquement son engagement pour les droits humains".

>> Plus d'informations : Au moins 326 manifestants tués en Iran depuis le début de la répression

De l'importance d'obtenir justice

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, Amnesty International dit mener une enquête pour prouver les crimes de guerre commis sur place. "On a déjà documenté des exécutions sommaires, des méthodes de siège, mais aussi des attaques sur des zones civiles avec des armes interdites, car non discriminantes".

Pour Nadia Bohelen, l’important est désormais d’établir des moyens pour obtenir justice, avec notamment des enquêtes nationales ou bien selon le principe de compétence universelle. "Selon nous, il ne faut plus que ce soit le Conseil de sécurité de l’ONU qui défère à la Cour pénale internationale (CPI) les crimes les plus graves, mais l'Assemblée générale". Le but? "Passer outre le veto russe". Ce serait l'occasion également, pour la porte-parole, d'évoquer la proposition de la commission européenne de créer un tribunal ad hoc universel et non sélectif pour les crimes d'agression.

Des évolutions positives aussi

L'année 2022 n'a toutefois pas été marquée uniquement par un recul des droits humains. Des avancées positives sont également à relever, à commencer par la régression graduelle du recours à la peine de mort, avec 142 pays abolitionnistes contre 53 qui la pratiquent encore. "La Zambie vient d’annoncer son abolition", relève par ailleurs Nadia Bohelen.

>> Lire à ce sujet : La Zambie abolit la peine de mort et permet de diffamer son président

Au niveau du droit des femmes en Europe, on note également une redéfinition du viol dans plusieurs pays. "En Suisse, le 5 décembre dernier, le Conseil national s’est prononcé en faveur d’une redéfinition du viol basée sur le consentement. Il faut désormais que le Conseil des Etats lui emboîte le pas". Pour Nadia Bohelen, le travail d’Amnesty International consiste aussi à faire avancer le droit des hommes et des femmes ici en Suisse.

Propos recueillis par Karine Vasarino
Texte: Hélène Krähenbühl

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