En automne 2018, He Jiankui avait annoncé avoir modifié génétiquement deux embryons humains via la technique des ciseaux génétiques CRISPR, qui permet de faire des copiers-collers dans l’ADN, afin de les rendre résistants au VIH. Des jumelles traitées de cette manière seraient nées en 2018, ainsi qu'une troisième petite fille, en 2019.
Cette pratique étant interdite dans de nombreux pays, dont la Chine, son pays, le scientifique a été condamné à trois ans de prison. Il est sorti en avril dernier après avoir purgé sa peine et a déclaré récemment sur les réseaux sociaux qu'il allait recommencer à faire de la recherche.
"Pas mort d'homme"
Le professeur de génétique à l'EPFL et au Collège de France Denis Duboule estime que, tant qu’il travaille correctement, il n'y pas de raison de l'en empêcher. "Pour l'instant, il n'y a tout de même pas mort d'homme", a-t-il réagi mercredi dans La Matinale de la RTS. Il souligne cependant qu'on ne dispose pas d’informations précises et fiables sur l’état de santé des fillettes.
He Jiankui veut notamment s'attaquer à la myopathie de Duchenne - une dégénérescence musculaire d'origine génétique - mais curativement cette fois, pas préventivement, et via une autre approche, la thérapie génique.
Un contrôle contre-productif?
Concernant les garde-fous législatifs, Denis Duboule indique qu'ils existaient déjà en 2018 et qu'il serait "probablement contre-productif d'en faire plus". En effet, l'objectif reste de mettre en place des thérapies effectives, avec une maîtrise précise des outils.
D'ici quelques décennies, le généticien considère que ces techniques permettront de réparer des gènes défectueux, non pas chez des embryons, qui pourraient ensuite passer ces modifications à leur propre descendance, mais de manière plus ciblée, chez des êtres humains, ou même des fœtus souffrant de pathologies d’origine génétique.
Sujet radio: Lucia Sillig
Adaptation web: mera