"J'aimerais vous demander à tous une prière spéciale pour le pape émérite Benoît. Pour entretenir sa mémoire, car il est gravement malade. Pour demander au Seigneur de le consoler et de le soutenir", a déclaré le pape lors de l'audience générale.
Le Vatican a confirmé peu après l'aggravation de l'état de santé de l'ancien pape Benoît XVI, 95 ans, précisant que le théologien allemand restait sous surveillance médicale.
"Sa santé s'est dégradée il y a environ trois jours. Ce sont ses fonctions vitales qui lâchent, y compris le coeur", a précisé une source vaticane, ajoutant qu'aucune hospitalisation n'était prévue, la résidence de Benoît XVI disposant du matériel médical nécessaire.
Démission en 2013
Le pape émérite Benoît XVI, de son vrai nom Joseph Ratzinger, avait démissionné en 2013 en raison d'une santé défaillante et s'est retiré dans le monastère des jardins du Vatican.
Après huit ans d'un pontificat marqué par de multiples crises, Benoît XVI fut rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l'Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander "pardon", mais avait assuré ne jamais avoir couvert de pédocriminel.
Geste inédit et personnel
Sa renonciation, annoncée en latin le 11 février 2013, fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes et non à la pression de scandales, avait assuré l'ancien pape dans un livre de confidences paru en 2016. Brillant théologien, il était peu à l'aise avec les bains de foule.
Par ce geste, inédit en 700 ans, le premier pape allemand de l'Histoire moderne a ouvert la voie à ses successeurs dont les forces viendraient à décliner. François, 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé "ouverte" cette possibilité.
Retraite discrète
S'exprimant avec difficulté, Benoît XVI est apparu de plus en plus fragile ces derniers mois, se déplaçant en chaise roulante. Mais il continuait encore ces dernières semaines à recevoir des visiteurs, certaines photos sur les réseaux sociaux montrant un homme frêle et visiblement affaibli.
Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie durant 25 ans en Allemagne avant d'être nommé archevêque de Munich. Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l'Eglise durant un autre quart de siècle à Rome, puis pape pendant huit ans (2005-2013), succédant à Jean-Paul II.
En tant que chef de l'Eglise catholique, il a défendu une ligne conservatrice, notamment sur l'avortement, l'homosexualité ou l'euthanasie. Ses déclarations ont parfois créé l'incompréhension, comme sur l'islam, l'utilisation du préservatif contre le VIH ou encore l'excommunication de quatre évêques intégristes en 2009.
"Vatileaks"
Son pontificat fut également marqué en 2012 par la fuite de documents confidentiels ("Vatileaks") orchestrée par son majordome personnel. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière.
La dernière vidéo de Benoît XVI, diffusée par le Vatican en août à l'occasion de la traditionnelle visite des nouveaux cardinaux, montre un homme affaibli et amaigri, muni d'un appareil auditif, ne pouvant plus parler mais au regard toujours vif.
ats/rad