Sur le seul mois de novembre, 1266 personnes issues d’Afghanistan ont déposé une demande d’asile en Suisse (au total, 3568 demandes ont été déposées, soit 360 de plus qu'en octobre). Un nombre qui ne cesse d’augmenter depuis l’été dernier, constate le SEM. Cette population jeune et très majoritairement masculine a souvent dû passer par les voies dangereuses des Balkans ou de la Méditerranée pour atteindre l'Europe.
Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, la Suisse a suspendu les expulsions et renoncé aux renvois vers l’Afghanistan. Selon le système de Dublin, certains requérants restent toutefois menacés de renvois vers des pays européens par lesquels ils ont transité.
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Des employeurs qui se méfient
Les autres obtiennent pour la plupart un permis F à titre d'admission provisoire. Un statut jugé trop précaire par les milieux de défense des réfugiés. Sophie Guignard, secrétaire générale de Solidarités sans frontières, regrette le manque de perspectives qu'offre ce permis. "Les employeurs sont souvent très méfiants à accorder un travail à des personnes dont le permis à pour inscription 'provisoire'", relève-t-elle jeudi dans La Matinale.
"Or, il faut bien se rendre compte que la situation en Afghanistan n'est pas près de se régler de si tôt. Ce sont des personnes vouées à rester". Par ailleurs, ajoute-t-elle, les personnes avec un permis F ne reçoivent que 60% d'aide sociale. "Il est donc très difficile de devenir autonome financièrement avec ce permis".
La problématiques des femmes
De son côté, Maryam Yunus Ebener, conseillère administrative à Onex (GE) et elle même d'origine afghane, dit regretter sans toutefois être surprise que presque aucune femme ne figure parmi ces requérants.
"C'est une société avec des valeurs très patriarcales. Les familles n'osent pas laisser leurs filles partir, car il y a toujours cette angoisse du viol. Or, ce sont les femmes qui souffrent le plus du régime des talibans et qui auraient le plus besoin de quitter le pays".
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Visa humanitaire
Autre possibilité pour accéder au territoire helvétique: une demande de visa humanitaire. Comme la Suisse a fermé sa représentation à Kaboul, ces requêtes ne sont possibles que depuis un autre pays.
Sur les 1700 Afghans qui en ont fait la demande cette année, seuls 98 ont obtenu ce visa. La Confédération ne l'accorde qu’à des personnes pouvant prouver un lien étroit avec la Suisse et une menace immédiate sur leur intégrité physique.
Julien Bangerter/hkr