Modifié

En Israël, retour de Benjamin Netanyahu à la tête d'un gouvernement très à droite

En Israël, le nouveau gouvernement ultra-conservateur de Benyamin Netanyahou présente ses ambitions
En Israël, le nouveau gouvernement ultra-conservateur de Benyamin Netanyahou présente ses ambitions / 19h30 / 1 min. / le 29 décembre 2022
Après une pause dans l'opposition, Benjamin Netanyahu a renoué jeudi avec le pouvoir pour la 6ème fois, en formant le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël qui suscite déjà de vives inquiétudes.

Vainqueur des législatives du 1er novembre, Benjamin Netanyahu avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue en après-midi d'un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement ainsi que de sa prestation de serment.

Benjamin Netanyahu a notamment annoncé la nomination de l'ex-ministre du Renseignement Eli Cohen à la tête des Affaires étrangères. La veille, il avait indiqué que Yoav Gallant, un ancien haut gradé jugé proche du mouvement procolonisation en Cisjordanie occupée, allait obtenir la Défense.

La mission du gouvernement sera de "contrecarrer les efforts de l'Iran pour se doter d'un arsenal nucléaire", "d'assurer la supériorité militaire d'Israël dans la région", tout en "élargissant le cercle de la paix" avec les pays arabes, a déclaré Benjamin Netanyahu, qui doit réunir dès jeudi soir à Jérusalem son premier cabinet ministériel.

>> Les précisions dans Forum :

Le Premier ministre israélien présente son gouvernement de droite
Le Premier ministre israélien présente son gouvernement de droite / Forum / 2 min. / le 29 décembre 2022

Alliances très à droite

Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s'alliant avec des partis ultra-orthodoxes et d'extrême droite.

Sa coalition comprend notamment les formations "Sionisme religieux" de Bezalel Smotrich et "Force juive" d'Itamar Ben Gvir, connus pour leurs propos anti-palestiniens et leurs positions favorables à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie, et "Noam" d'Avi Maoz, ouvertement anti-LGBTQ.

En dépit de la présence de ce parti dans le gouvernement, les députés ont élu Amir Ohana comme président du Parlement, une première pour un député ouvertement homosexuel dans ce pays.

Des centaines de personnes, dont plusieurs arborant le drapeau arc-en-ciel ou faisant état de sympathies à l'égard des Palestiniens, manifestaient jeudi devant le Parlement contre le nouveau gouvernement.

>> Voir aussi l'interview d'Elizabeth Sheppard-Sellam, maîtresse de conférences à l'Université de Tours et spécialiste de la politique israélienne, dans Forum :

Décryptage du nouveau gouvernement israélien: interview d’Elizabeth Sheppard-Sellam
Décryptage du nouveau gouvernement israélien: interview d’Elizabeth Sheppard-Sellam / Forum / 5 min. / le 29 décembre 2022

"Soif de pouvoir"

Dans ce nouveau gouvernement, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir sont respectivement en charge des colonies en Cisjordanie et de la police israélienne, dont des unités opèrent aussi dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

La procureure générale, Gali Baharav-Miara, a récemment dit craindre des réformes réduisant le pouvoir des juges et d'une "politisation des forces de l'ordre" qui "porterait un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l'Etat de droit".

Et le chef d'état-major de l'armée Aviv Kochavi s'est dit inquiet de la création d'un second poste de ministre, celui de Bezalel Smotrich, au sein même de la Défense pour superviser la gestion civile de la Cisjordanie.

Pour de nombreux analystes, Benjamin Netanyahu a multiplié les concessions à ses partenaires dans l'espoir d'obtenir une immunité judiciaire ou l'annulation de son procès pour corruption.

>> Sur le même sujet : De retour devant la justice, Benjamin Netanyahu réfute les accusations de corruption

"Ce gouvernement est l'addition de la faiblesse politique de Netanyahu, compte tenu de son âge et de son procès, et du fait qu'on a une nouvelle famille politique, liée à la droite révolutionnaire, que l'on n'avait jamais vu avec cette force en Israël", explique à l'AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University d'Israël.

Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, qui souhaitent avant tout renforcer la colonisation en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent déjà plus de 475'000 colons juifs, "ont une très forte soif de pouvoir et ils savent que ce qu'ils n'obtiennent pas d'ici trois mois, six mois, voire deux ans, n'aura pas lieu", ajoute Denis Charbit.

"Explosion"?

Dans la foulée de la dernière guerre Hamas/Israël à Gaza en mai 2021 et des violences récentes en Cisjordanie, les plus graves depuis la fin de la Seconde intifada (2000 à 2005), la crainte d'une escalade militaire avec les Palestiniens est bien présente.

"Il y a de nombreuses lignes rouges: Al-Aqsa, l'annexion [de la Cisjordanie], le statut des prisonniers palestiniens (en Israël) ... Si Ben Gvir, à titre de ministre se rend à Al-Aqsa, ce sera une grande ligne rouge de franchie et cela mènera à une explosion", confie à l'AFP Basem Naim, haut responsable politique du Hamas.

Itamar Ben Gvir s'est déjà rendu ces derniers mois sur l'esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), lieu saint au coeur des tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est.

En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s'y rendre mais pas y prier, mais la visite d'un ministre israélien en fonction sur ce site serait perçue comme de la provocation parmi les Palestiniens.

"Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité", s'est inquiété le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz.

>> Les précisions dans le 12h30 :

Manifestation devant le Parlement à Jérusalem contre le nouveau gouvernement. [Keystone - AP Photo/Oded Balilty]Keystone - AP Photo/Oded Balilty
Manifestation à Jérusalem contre le nouveau gouvernement israélien / Le 12h30 / 1 min. / le 29 décembre 2022

agences/rad/kkub

Publié Modifié

Vladimir Poutine veut renforcer la coopération dans tous les domaines

Le président russe Vladimir Poutine a salué jeudi le retour de Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement israélien. Il a souhaité renforcer la coopération avec Israël "dans tous les domaines", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

"J'espère que le nouveau gouvernement sous votre direction poursuivra la ligne visant à renforcer la coopération russo-israélienne dans tous les domaines pour le bien de nos peuples, dans l'intérêt d'assurer la paix et la sécurité dans la région du Proche-Orient", a déclaré M. Poutine dans un message adressé à Benjamin Netanyahu, cité dans le communiqué.

Position prudente d'Israël sur l'Ukraine

"En Russie, on apprécie beaucoup votre contribution personnelle et de longue date dans le renforcement des relations amicales entre nos pays", a souligné le maître du Kremlin, alors que $benjamin Netanyahu a qualifié le dirigeant russe d'"ami" à plusieurs reprises dans le passé.

Après le début de l'offensive russe en Ukraine en février dernier, Israël avait adopté une position prudente à l'égard de Moscou, en cherchant à garder la neutralité.

Israël avait notamment fait valoir des liens privilégiés entre les deux pays, l'Etat hébreu comptant plus d'un million de citoyens originaires de l'ex-Union soviétique et la Russie disposant de troupes en Syrie, pays voisin d'Israël.

Joe Biden félicite un "ami" et prône à nouveau une "solution à deux Etats"

Le président américain Joe Biden a félicité jeudi Benjamin Netanyahu pour son retour à la tête du gouvernement israélien, qualifiant le premier ministre nouvellement investi d'"ami depuis des décennies".

Joe Biden a affirmé, dans un communiqué de la Maison Blanche, souhaiter travailler avec celui qui avait déjà été Premier ministre d'Israël entre 1996 et 1999 puis entre 2009 et 2021, "pour faire face conjointement aux nombreux défis et opportunités qui se présentent à Israël et au Moyen-Orient, notamment concernant les menaces venant de l'Iran".

"Solution à deux Etats"

Dans son communiqué, Joe Biden a également réitéré la position des Etats-Unis sur la question Israël-Palestine. "Les Etats-Unis continueront de soutenir une solution à deux Etats et à s'opposer aux politiques qui menacent la viabilité ou contredisent nos intérêts et valeurs partagés", écrit-il.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait prévenu début décembre que les Etats-Unis s'opposeraient à l'établissement de nouvelles colonies par le prochain gouvernement israélien en Cisjordanie occupée.