Après le démantèlement d'un barrage du côté serbe du poste-frontière de Merdare, la police du Kosovo a confirmé "le retour à la normale" et la réouverture de ce poste, fermé la veille, principal point de passage avec la Serbie.
Des images de la télévision d'Etat serbe RTS ont montré des files de voitures et de camions formées du côté serbe. Selon RTS, la Serbie a levé l'état d'alerte renforcée dans lequel elle avait placé ses troupes lundi soir.
Mercredi soir, après un appel à la désescalade lancé aux deux parties par les Etats-Unis et l'Union européenne, le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé le démantèlement par la minorité serbe du Kosovo des barrages installés depuis près de trois semaines.
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La méfiance demeure
"Les barricades seront démantelées, mais la méfiance demeure", a dit Aleksandar Vucic durant une rencontre avec des représentants des Serbes du Kosovo près de la frontière kosovare, selon des propos cités par RTS.
Les barricades seront démantelées, mais la méfiance demeure
Dans un geste manifestement destiné à apaiser les tensions, un tribunal de Pristina avait auparavant ordonné mercredi la remise en liberté et le placement en résidence surveillée d'un ex-policier serbe, dont l'arrestation avait déclenché la colère de la minorité serbe.
Troupes suisses "en sécurité"
En tout, 195 militaires suisses, hommes et femmes, sont actuellement engagés volontairement sur tout le territoire kosovar. "Les troupes suisses sont en sécurité", assure Roman Camenisch, commandant de la Swisscoy, détachement de l'opération de maintien de la paix de l'Otan la KFOR.
"Le Département fédéral de la défense, moi-même en tant que commandant et, surtout, la KFOR, nous évaluons en permanence la sécurité de nos hommes", ajoute-t-il, jeudi dans l'émission de la RTS Forum. Si cette sécurité venait à être menacée, nous prendrions les mesures nécessaires."
Les soldats "ressentent les tensions actuelles", surtout ceux qui sont déployés dans le nord du Kosovo. "Mais ils sont prêts à continuer à s'engager malgré les tensions politiques."
Et d'ajouter: "Ce sont des équipes qui vivent au milieu de la population. Elles sont là pour prendre le pouls - sentir les menaces et la tension que les gens ressentent - et en faire état à la KFOR."
Circulation bloquée
Depuis le 10 décembre, plusieurs centaines de membres de la minorité serbe ont érigé des barrages dans le Nord du Kosovo pour protester contre l'arrestation du policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.
La Première ministre serbe Ana Brnabic avait jugé la semaine dernière que la situation dans cette région était "au bord du conflit armé". La police kosovare et les forces internationales de maintien de la paix ont subi plusieurs attaques impliquant des armes à feu.
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Le Kosovo, ex-province serbe, a déclaré son indépendance en 2008, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles albanais. Mais la Serbie ne la reconnaît pas.
Regain des tensions
Belgrade encourage la minorité serbe - environ 120'000 personnes sur 1,8 million d'habitants du Kosovo - à refuser toute loyauté à Pristina au moment où les autorités kosovares veulent asseoir leur souveraineté sur l'ensemble du territoire.
Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police kosovare, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires avaient quitté leurs postes en masse pour protester contre une décision de Pristina, désormais suspendue, d'interdire aux Serbes vivant au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par la Serbie.
vajo avec ats